Perla
Serfaty-Garzon Editions Armand Colin.
(2003)
ISBN: 2-200-26514-X Dernière de
couverture Notre maison est la
garante de notre intimité, à laquelle
nous tenons comme à un droit
inaliénable. Suscitant à foison
sentiments, pensées et actions, elle nous
reflète, dit qui nous sommes vraiment.
Modelée par un constant projet
d'appropriation, elle est une oeuvre où le
soi se reconnaît. Après avoir
rappelé les grandes lignes de
l'élaboration au cours des siècles de
cette conjonction maison / vie privée,
l'auteur de ce livre s'interroge sur cette part
cachée de nous-même qui habite le
logis, moins dépendante de la culture et de
l'histoire que des qualités mêmes de
l'être, et ce pour dégager les
éléments d'une véritable
morale de l'habiter. De la fondation du
domicile aux jeux de l'hospitalité, en
passant par ces mises à l'épreuve du
secret protecteur que sont l'effraction ou la perte
complète du chez-soi, de nombreuses et
passionnantes analyses explorent ainsi les rapports
subtils entre l'habitant, les manières dont
il se donne à voir aux autres et les modes
de la révélation de son
identité. Ce livre répond aux besoins
des étudiants en psychologie
environnementale, architecture, urbanisme et
sociologie urbaine, écologie et
géographie humaine, et des divers
intervenants en matière d'habitat et de
milieu urbain. Il offre aux psychologues et
intervenants du milieu social et communautaire un
outil d'approfondissement de leur réflexion
et une ressource utile dans leur action.
Au-delà, il s'offre à
l'intérêt de tous ceux qui veulent
« mieux habiter » leur maison, leur
territoire. PERLA SERFATY
GARZON
maître de conférences de
l'Université Louis Pasteur de Strasbourg, en
disponibilité auprès d'un grand corps
public à Montréal, mène depuis
de longues années des recherches novatrices
sur le chez-soi et l'intimité, et sur les
espaces publics urbains. Table des
matières Introduction.Les
lieux, les modes et les temps du chez-soi
Du côtoiement
à l'espacement des existences: les sources
socio-historiques Qu'est-ce
qu'habiter ? Les approches philosophiques et
psychologiques L'appropriation du
chez-soi dans tous ses sens De la fondation et
de l'établissement des limites à
l'ouverture du chez-soi Les cultures du
chez-soi Le chez-soi
à l'épreuve Chapitre I.
L'élaboration sociale de l'intimité
La confusion du
privé et du public Entre sphère
publique et sphère privée : les
nouvelles démarcations Dans la maison, les
nouveaux lieux de l'intime La construction de
l'idéal domiciliaire Vision du monde,
modèles d'intimité et modes d'habiter
bourgeois Déculturation,
dénuement, précarité :
l'habiter des classes populaires citadines
Le privé et
ses aboutissements contemporains Chapitre II. La
demeure et l'habiter Les mots de
l'habitation Le nid : un point
dans l'ambiance de bonheur des grands arbres
Habiter, être
Chapitre III.
L'appropriation de la demeure La notion
d'appropriation Le versant actif du
chez-soi L'ouverture de la
temporalité Le gauchissement de
l'être Le rituel
séculier Chapitre IV.
Dans ses meubles Faire
témoigner les objets La culture du
chez-soi Chapitre V.
Fonder, fermer, ouvrir la maison Fonder la maison
Fermer, ouvrir la
maison Sur le seuil
Dans
l'entrée L'hospitalité,
l'apparence et la révélation de soi
Chapitre VI. Les
épreuves de l'habiter De l'être qui
cache à l'être qui se cache
Le secret en ses
domaines La maison, un
emboîtement de secrets L'effraction et le
fractionnement Déménager,
emménager Sans abri
Conclusion. Les
figures contemporaines de l'habiter Libre union, libre
habitation ? Immigrants,
exilés, malades La maison des
aînés L'habitation
multiple Bibliographie
Un passage <<L'engendrement
des pratiques La notion de
marquage prend, par rapport à
l'appropriation, une importance d'autant plus
grande que, se manifestant par la disposition des
objets ou les interventions sur l'espace
habité, elle en est l'aspect matériel
et manifeste le plus important. Mais, comme son
concept parent, la personnalisation, le marquage ne
saurait exister sans l'existence d'un « nous
» qui en cautionne la légitimité
et sans les valeurs qui lui sont attachées.
Un « modèle culturel » en inspire
et fonde l'organisation comme il fonde le
déroulement de toutes les interventions sur
le chez-soi. La production du marquage
révèle des acquis culturels, des
modèles en cours d'actualisation. Ainsi
s'élabore, à travers la constitution
d'un espace propre à la fois expressif du
sujet, de la sphère familiale et de la
catégorie sociale dans lequel ce « nous
» s'inscrit, une créativité qui
se tisse intimement, à travers les gestes
quotidiens et les temporalités de la maison
(Korosec-Serfaty, 1984). C'est donc à
partir d'une culture que se définissent les
choix résidentiels et que se
déploient les pratiques quotidiennes de
l'habitat. Plus encore, l'habitat sous-entend la
mise en oeuvre d'un projet d'habitation puisque la
maison est une création
délibérée par l'habitant d'un
rapport dynamique d'appropriation de son espace
propre. Cette appropriation est une expression
individuelle qui relève de son affirmation
identitaire et de son projet d'engager l'espace
habité dans la construction de
soi. La lumière
ainsi projetée sur le versant conscient et
actif du chez-soi révèle un
éventail de gestes fréquemment
humbles et sans héroïsme mais qui
pourtant forment un tissu de significations
réciproques entre l'habitant et sa maison,
manifestant sa singularité d'être et
sa manière de se situer dans le monde.
Pratiques et parfois rituels de l'habitation sont
ainsi à la fois signifiants du sujet,
producteurs de l'individu, mais aussi indicateurs
d'une créativité quotidienne. En
somme, pour reprendre un concept
élaboré par H. Lefebvre, les usages
et pratiques de la maison sont une
poïétique.>> p.92 Commentaire Un livre plus
sociologique et philosophique que psychologique. Il attire
notre attention sur l'évolution historique, sur
l'usage des mots employés.