Du changement
à l'inertie Dialectique de
la personne et des systèmes
sociaux André de
Peretti Editions Dunod
(Bordas) ISBN:
2-04-011159-X
(1981) Dernière de
couverture Si de multiples tentatives
ont été faites pour appliquer le
concept d'énergie aux sciences humaines,
notamment depuis Freud et son « Esquisse d'une
Psychologie scientifique» en 1895, aucune n'a
été poussée jusqu'à son
terme. Du changement à
l'inertie propose la première unification
des différents phénomènes
relationnels individuels et sociaux
autour de ce concept et de son corrélatif,
l'inertie. A partir des notions
d'énergies« fortes » et «
légères », de l'étude de
leurs liens et de leurs propriétés
(propagation, structuration, actualisation...) et
en particulier de l'analyse de l'inertie qui
accompagne inéluctablement leur mise en
uvre, André de Peretti construit un
modèle visant à rendre compte des
oscillations, des échanges et des stockages
d'énergie au sein de chaque organisme comme
dans tout processus d'interaction. De ces
développements théoriques,
validés à chaque étape par
leur capacité à élucider les
événements historiques
notamment la décolonisation et la crise de
l'enseignement il ressort que les
systèmes sociaux fonctionnent comme
régulateurs ou médiateurs des
variations énergétiques. Cela permet
à l'auteur de fonder une théorie
psychophysiologique des émotions et de
l'affectivité et de proposer une conception
originale de l'aliénation des forces
humaines et de l'altération des images de
soi. Avec Du changement
à t 'inertie, André de
Peretti, qui dirige depuis 1976 le
Département de psychosociologie de
l'éducation à l'Institut national de
recherche pédagogique (INRP), nous propose
un ouvrage issu de ses travaux théoriques et
de ses engagements professionnels, tant
administratifs que pédagogiques ou
politiques. Ce livre important permet de mieux
situer, par la mise au jour des effets de
l'inertie, les risques sociaux quotidiens, et
justifie la thèse d'une dialectisation de la
personne et des systèmes sociaux. Table des
matières Avant-propos PREMIÈRE PARTIE :
ÉNERGIES ET INSTITUTIONS 1. Rencontres et
stress Puissance motrice et
contraintes physiques Émotions et champ de
contraintes Paléocéphale et
primitivation de la conduite Peur et menace « magique
» Angoisse et vide Les antagonismes
émotionnels les oscillations
émotionnelles Colère La jouissance Oscillations
émotionnelles et
ambiguïté Le continuum
émotionnel Émotions et
stress L'appareillement
primaire L'assujettissement 2. Influences et
désarroi Individu et
variétés de relations Échanges et
développement de l'organisme Régulation et image de
soi Image de soi et
influence Champ d'influence et
affectivité Le sentiment de
culpabilité Tristesse et
anxiété d'abandon Les antagonismes
affectifs L'agressivité La sympathie Le continuum
affectif Interaction des
émotions et des sentiments Affectivité et
désarroi Désarroi et rapport
avec « autrui » L'accointance 3. Objets et
cadres L'objet rassurant L'objet offensif L'objet outil L'objet,
représentation de soi et d'autrui L'objet et
l'échange L'« objet » sexuel
et l'alliance Des objets et des
mots Jeu des mots et tissage des
structures Des techniques et des
normes 4. Structurations
systémiques Émergence des
systèmes Formes sociales en
émergence systémique La forme systémique
d'un match Différenciation de
l'assujettissement Pouvoir et régulation
systémique des forces Pouvoir et
protection Diversification de
l'accointance Figure d'autorité et
régulation systémique des
influences Figures centrales et
sécurisation Pouvoirs et
autorités Légitimation et
régulation Structuration
systémique et protection Incertitudes, défenses
et protection systémique L'effet de protection et sa
contre-épreuve La protection
institutionnalisée DEUXIÈME PARTIE :
INERTIE ET INSTITUTIONS 5. Réduction et
Effets de fermeture Les objets
réducteurs Langage et
sélection Formes et fond
d'effacement La précipitation des
formes L'« effet de fermeture
» Fermeture dans les
perceptions L'« effet Bunuel
» Fermeture dans les
mots Fermeture par abus
linguistique Fermeture dans les
techniques Fermeture dans les
représentations 6. Fermeture dans les
institutions Appesantissement des normes
et des modèles Le phénomène
bureaucratique Fermeture dans les
pouvoirs Fermeture et
dissymétrie réductrice Aliénation
économique et physique Dissymétrie et
altération psychique 7. Inertie et
structures Effets « pervers »
ou inerties L'inertie
d'entraînement en cinématique
L'inertie de résistance ou d'induction en
mécanique L'inertie de
résistance - dégradation en
physique Inertie et mécanique
ondulatoire Inertie d'entraînement
et contradictions Inertie et
artefacts Inertie et
organismes Structures sociales et
inertie d'entraînement Équilibre et inertie
de résistance 8. Aliénation,
altération et colonialisme Aliénation et inertie
d'entraînement L'inertie
d'induction-dégradation Altération et inertie
d'induction-dégradation Altération et
violence Aliénation,
altération et colonisation Conflits entre
émigrants et conquérants Le complexe
d'altération chez les coloniaux Résistance aux
métropoles Genèse de
l'altération Altération induite
chez les colonisés Fermeture aux
évolutions Le « cercle infernal
» Le retour de
flamme La mise en échec de
l'altération TROISIÈME PARTIE :
DIALECTISATION ET PRINCIPES
PRATIQUES 9. Changements dans les
systèmes sociaux et
dialectisation Rejet
réactionnel Renforcement
réactionnel Inertie et
violence Régulation des effets
d'inertie Projet et processus
dialectique Dialectique de la
non-directivité Dialectique des «
concept-repères » Agressivité et
inversion de la dialectique Dialectique et groupes ou
institutions Dialectique de la passion
démocratique Le troisième
mouvement Dialectisation et
civilisation post-industrielle 10. Une thèse
pratique : le principe de
continuité-interaction Civilisations identitaires
à texture discontinue Civilisations de
complémentarité et d'interaction
continue Statique d'ordre ou dynamique
d'équilibre Valorisation de chaque
différence Différence et
transfert Le paradoxe
d'Abraham Dialogue avec la « base
» Recherche et
participation Science et
modestie Considération des
institutions « Disparation » et
lieu méthodologique Le couplage
objectif-subjectif Le couplage
abstraction-concrétisation Le couplage
théorie-pratique 11. Une hypothèse
pratique : le principe de l'économie dans la
formalisation Non-inflation des
langages Noyaux signifiants et
pédagogie Noyaux «
générateurs » et « langage
total » Noyaux signifiants et projet
pédagogique Non-suprematle a un lieu a
analyse Absence de définitions
des concepts Fondements
univoques Énergie et
trans-spécificité Non-spécificité
et trans-spécificité 12. Une
synthèse pratique : le principe de la
pluralité harmonique « Tâches ouvertes
» Multiplicité
nécessaire des formes pédagogiques ou
administratives Crise et réduction des
pluralités Effets d'effacement et de
fermeture Une pédagogie
variée pour chaque enseignant La pédagogie
diversifiée au sein d'un
établissement La pédagogie
différenciée Les « gammes » de
moyens Variété dans
l'évaluation Gammes et
innovation Multiplicité,
personnalisme et
démocratie Conclusion Index des noms
cités Un passage <<Les
approches de Bales (sur le registre des forces) et
celles de Jaques (sur celui des sentiments et des
identifications) convergent avec les
démarches théoriques et pratiques que
nous avons développées ci-dessus.
Leurs hypothèses de stabilisation et de
défense s'appliquent en fait, au-delà
des groupes et des organisations, à toute
structure systémique. On ne peut mettre en
doute que les institutions et les systèmes
sociaux à tous les niveaux, par leur
fonctionne-ment, protègent de l'incertitude
galopante, sur l'emploi des puissances, comme ils
préservent de la désarticulation ou
des heurts brusques. Ils protègent d'autre
part de doutes et de craintes sur autrui et sur
soi, qui seraient trop coûteux. Ils
évitent donc aux collectivités comme
aux individus les à-coups de restrictions
excessives ou d'emballements. Il apportent de ce
fait une simplification opportune à la
complexité des relations ou de
l'identité. C'est ce que
concluent Max Pagès et trois autres
chercheurs à l'issue d'une étude sur
« l'emprise de l'organisation » : «
Les institutions seraient ainsi le lieu où
les individus travaillent collectivement leurs
inconscients les plus profonds. Elle
constitueraient une sorte de gigantesque
système de défense collective, un
gigantesque sociodrame de défense contre la
conscience de la mort... (s) » Mais on a pu faire
un pas de plus par rapport à ces auteurs en
considérant que les structures, au sein des
systèmes sociaux, effectuent cette action de
stabilisation, de sécurité et de
simplification par le double fait d'absorber, de
manière plus ou moins rustique, une part des
forces individuelles pour ensuite canaliser
celles-ci, et de globaliser
(schématiquement) une part des informations
en vue de les orienter toutes. Ce faisant, les
structures, en tant que phénomènes
potentiels, constituent des stocks de
réserve de puissance et des « matelas
» d'amortissement entre les personnes, le
monde extérieur., et leurs diverses
conjonctions. Les pouvoirs ou les
autorités ne sont donc pas seulement des
concentrations de puissances résultantes ou
des influences déterminantes. Leur
interposition produit ce qu'il faut bien appeler un
volant d'énergie de régulation : et
celui-ci assure un « régime »
simplifié et stabilisé(') des
rapports, occasionnels ou habituels, de force et
d'influence entre les individus.Dans cette
perspective, c'est une « économie
» systémique des relations et des
échanges énergétiques ou
informatiques entre les personnes qu'on peut
édifier pour interpréter les
situations institutionelles et groupales(2). Et
cette économie, déborde et englobe
l'économie des rapports de production, quels
que soient ceux-ci.>> p.81 De
Peretti Commentaire Une synthèse
remarquable de la pensée d'André de
Peretti