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 Je hais les pédagogues

L'École pourra-t-elle éviter une nouvelle guerre de religion ?

Pascal Bouchard

Editions Faber ISBN: 978-2-84922-257-7 (2013) 9 €

 

Dernière de couverture

           La violence des débats sur l'école égale parfois celle qui prévalait avant la Saint-Barthélemy ou après la révocation de l'édit de Nantes !

           Pascal Bouchard interpelle ici vigoureusement tous ceux qui s'imaginent détenir la vérité. Il commence par les pédagogues, qui ne comprennent rien à l'hostilité qu'ils suscitent, qui évitent même de s'interroger sur les causes profondes des attaques qu'ils subissent. Ils y verront peut-être une dangereuse collusion avec leurs adversaires, venue d'un auteur qu'ils considèrent comme un des leurs, et qui est de leurs amis. Ce livre déplaira plus encore aux anti-pédagogues, dont il dénonce le manque de sérieux, y compris de ceux qui se éclament de la philosophie ou de la recherche scientifique, et parce qu'il fait le travail théorique qu'ils se gardent bien d'entreprendre. Car cette querelle révèle les fondements anthropologiques de notre école, et du métier d'enseignant.

           Depuis quelques années, des évolutions profondes, souterraines, sont en cours, et semblent renvoyer au passé les vieux antagonismes. Le parti de la réforme a une fenêtre d'opportunité, et bénéficie d'un relatif et fragile consensus. Mais les braises sont encore chaudes.

           Ce livre ouvre donc des pistes de réflexion pour que nous échappions à une nouvelle guerre de religion. La première porte sur l'organisation de notre système scolaire, et la seconde amorce une révolution démocratique. L'école est au fondement de notre société, en même temps qu'elle en est le reflet et qu'elle en est le fruit. On ne peut la « refonder » sans remettre en cause notre système politique...

 

           Agrégé, docteur ès lettres (sciences de l'éducation), Pascal Bouchard, qui a été enseignant, producteur à France-Culture, co-fondateur d'une agence de presse spécialisée dans les questions d'éducation, anime le site d'information ToutEduc Il a publié une quinzaine d'ouvrages sur le système éducatif et la situation morale des enseignants, sur l'enseignement de l'écriture, de la grammaire et de l'orthographe, sur le Pays de Caux, ainsi que des textes littéraires.

Table des matières

I. Petite introduction

II. Le chamboule-tout

III. Suite du chamboule-tout

IV. Un peu de «philosophie»

V. Mais qui sont ces dangereux pédagogues

VI. Une anthropologie imaginaire

VII. Une anthropologie enseignante

VIII. Je hais les pédagogues

IX. La chasse aux nanards

X. La donne a-t-elle changé?

XI. Une autre organisation administrative et démocratique

XII. Un outil politique

Un passage

    <<Traumatisée par la mésaventure de Gilles de Robien, qui a vu un inspecteur de circonscription' (un «inspecteur primaire» disait-on autrefois) se dresser contre lui, contester sa décision d'imposer la «méthode syllabique», et finalement obliger le ministre à une assez piteuse retraite, la droite a réorganisé les rectorats et la chaîne hiérarchique. Cette réforme, dite de la «contractualisation», passée inaperçue des non-spécialistes, est sans doute la seule du quinquennat précédent qui restera, pour une raison évidente: aucun ministre ne renoncera à un système qui lui permet de contourner son administration.

Le principe est simple. Le ministre contracte avec le recteur, comme si celui-ci avait le pouvoir de s'opposer à son supérieur hiérarchique, dont dépend, chaque semaine, son maintien dans la fonction. En règle générale, un recteur apprend le mardi soir qu'il sera remercié au conseil des ministres du lendemain. Le recteur contracte ensuite avec les chefs d'établissements de son académie, comme si ceux-ci avaient le choix... C'est peu dire que ces contrats n'ont que l'apparence d'un contrat, qui supposerait l'égalité des parties. Quant aux inspecteurs d'académie, ils n'agissent plus, dans les départements, que par délégation de pouvoir du recteur. Sou-vent passés par tous les échelons hiérarchiques, fonctionnaires rarement sanctionnés autrement que par une promotion (en 15 ans, j'ai vu trois IA subir une réelle sanction), ils avaient jusque-là les moyens de résister au représentant personnel du pouvoir. Ils ne l'ont plus. La «contractualisation» a l'avantage et l'inconvénient de renforcer considérablement le poids du politique aux dépens de l'indépendance académique. Elle instaure une «chaîne de commandement», «plus fluide et plus efficace», du-ministre aux chefs d'établissement ou aux inspecteurs de circonscriptions, selon les termes mêmes de Luc Chatel. Vincent Peillon a mis sans barguigner et sans que personne ne s'en offusque, ses pas dans ceux de son prédécesseur. Certains prévoient les effets pervers de cette réforme, et préconisent la transformation des rectorats en établissements publics, avec un conseil d'administration qui constituerait un réel contre-pouvoir au recteur, lequel serait nommé pour cinq ans, et aurait donc les moyens de s'opposer à son ministre'. C'est une proposition intéressante, mais je crains que ses pro-moteurs ne rêvent. Les politiques sont rarement masochistes à ce point.>> p.97

1. Il s'agit de Pierre Frackowiak.

Commentaire

Un livre qui n'a pas peur de montrer la complexité des questions touchant à lenseignement. Il a le mérite de chercher l'articulation des différents points de vue au lieu de les opposer stérilement. A lire pour ne pas se laisser manipuler par des courants de propagande ou d'idéologie.

 

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