L'école
et l'argent Quels
financements pour quelles
finalités? Roger-François
Gauthier, André D. Robert Editions Retz.
n° 10119017 (2005) (13 €) Dernière de
couverture Cet ouvrage
n'est pas un manuel d'économie de
l'éducation ! Se situant à un niveau
de politique générale, il propose un
examen des relations, souvent méconnues ou
taboues, entre l'éducation et l'argent -
public ou privé - que la
société investit dans ce
secteur. Parmi les
nombreuses questions abordées : Que peut encore
signifier la gratuité de l'école
quand elle est aujourd'hui à la fois
érigée en dogme et
régulièrement bafouée, souvent
par les mêmes acteurs ? Quel est le sens du
financement public de l'école en France ? La
part actuelle de ce qui est privé ? Que vaut
l'idée de concurrence en matière
scolaire ? Dans un contexte de marché
scolaire qui s'exacerbe, comment rendre plus
équitable l'accès de tous à
des biens et services d'éducation
désormais plus divers ? Est-il opportun que
l'État consacre le quart de son budget
à l'éducation ? Est-ce trop ? Trop
peu ? Serait-il envisageable de répartir
autrement ces dépenses ? Quels sont les
avantages et les risques de l'implication
élevée des collectivités
locales dans les financements ? L'énorme
machine chargée de mettre en oeuvre cette
dépense est-elle efficace et efficiente ?
Comment pourrait-elle l'être plus
? Finalement,
par-delà les contraintes
héritées de l'histoire, comment
avancer mieux dans au moins deux directions :
franchir une étape vers plus de
démocratie en détruisant tous les
ghettos où ne pénètrent pas
les savoirs et en finançant plus justement
les personnes ; développer de façon
urgente l'accès à l'enseignement
supérieur en France ? Refusant les
solutions convenues, ce livre présente les
analyses nécessaires aux citoyens comme aux
professionnels. Largement ouvert aux comparaisons
internationales, il place le lecteur devant des
choix politiques essentiels. Roger-François
Gauthier est inspecteur général
de l'administration de l'Éducation nationale
et de la Recherche, consultant Unesco. André D.
Robert est professeur des universités,
enseignant à Lyon 2, membre de l'UFR
Éducation et Politiques (INRP/Lyon 2). Tous
les deux sont auteurs de plusieurs ouvrages portant
sur des questions d'éducation. Table des
matières Avant-propos : y
a-t-il vraiment un "trésor caché"
dedans ? 1. L'investissement
"École" : comment le définir
? 2. La
gratuité de l'enseignement en
France 3. La
gratuité dans le monde : état des
lieux 4. Un principe de
gratuité pas toujours
respecté 5. Les familles
sont-elles "gagnantes"? 6. La concurrence
dans l'école : jusqu'où? 7. Le financement
et la place des manuels scolaires 8. L'enseignement
privé sous contrat : un choix et une
émulation 9. L'enseignement
privé hors contrat et le soutien
scolaire 10. Le
marché parascolaire traditionnel et l'aide
"en ligne" 11. Le prix de
l'école : qui finance quoi ? 12. Avec les
décentralisations, un financement qui se
complexifie 13. Comment mesurer
l'efficacité de l'école? 14. Les coûts
de la machine : quelles anomalies? 15. Des mesures
pour réformer le financement de
l'école Conclusion :
repenser l'équité Notes
bibliographiques Un passage Des bilans de
compétences à la place du
système anxiogène de
notation L'institution ne
doit pas, par ailleurs, se cacher qu'elle participe
elle-même fortement, par certaines de ses
pratiques, à favoriser le
développement de certaines offres
privées, fondées sur le terreau d'une
angoisse excessive des parents
d'élèves. Agir sur la source de cette
angoisse inutile, au moins au cours des
années d'enseignement obligatoire, pourrait
modifier en partie certains comportements qui
contribuent à creuser les
inégalités : il est proposé de
limiter aux seules classes d'examen les classements
et calculs de moyennes et d'en proscrire l'usage
dans tous les autres cas, en les remplaçant,
quand c'est nécessaire, par des bilans de
compétences, à l'instar de ce qui se
pratique dans les pays scandinaves. En ce qui concerne
les différents financements apparus pendant
la dernière décennie dans les
collèges et lycées sous formes de
fonds sociaux, nous pensons qu'il ne s'agit que
d'un pis-aller et qu'il conviendrait que la prise
en charge sociale des familles soit le fait des
services spécialisés,
extérieurs à l'école (bien
sûr en rapport avec elle) et non des
établissements scolaires, dont ce n'est pas
le métier. En dehors de cela, il semble
important de ne pas mélanger, au plan
symbolique, les financements individuels et
collectifs des apprentissages, c'est-à-dire
l'investissement individuel et collectif de
formation et l'aide sociale. Masquer ou noyer le
coût d'apprendre ne permet pas de financer
comme il convient les apprentissages. Détruire
tous les ghettos Nous l'avons dit :
la crise sociale sévit sur l'École de
façon beau-coup plus forte qu'il y a quinze
ans. Du même coup, certains équilibres
ou dispositifs qui n'étaient pas
interpellés de ce point de vue le sont
désormais, et la prudence nécessaire
de l'intervention politique dans des domaines
sociologiquement marqués ne doit pas
dispenser de s'interroger. Ainsi, comme la
preuve n'a pas été faite de leur
efficacité alors que leur
systématisation développe bien des
effets pervers, il est proposé de ne pas
développer, voire de poser la question de la
pérennité de toutes les zones
d'éducation prioritaire. On utiliserait des
moyens ainsi récupérés
à des financements flexibles de
réponses plus personnalisées que
l'école peut apporter à la
prévention et au traitement des
difficultés scolaires des
élèves. Nous suivons volontiers
Éric Maurin lorsqu'il expose et
démontre que " c'est en ciblant correctement
les individus eux-mêmes I...l que l'on
parviendra à atténuer un tant soit
peu les effets destructeurs de la
ségrégation territoriale' par la
vertu de ce que des spécialistes ont
appelé " effet multiplicateur' Corriger une
concurrence faussée Autre question
qu'on ne peut pas ne pas poser : le rôle de
service public joué en France par
l'enseignement privé sous contrat
financé par l'État est-il en
contradiction avec la fonction perverse que joue
aujourd'hui, le plus souvent malgré lui, cet
enseignement en investissant une position de
concurrence faussée vis-à-vis de
l'enseignement public ? On parle de concurrence
faussée puisqu'il s'agit d'une concurrence
entre des établissements dont les uns ne
supportent qu'une très faible partie de la
charge de former les enfants les plus en
difficulté. Il est proposé de
chercher localement les conditions auxquelles
l'État, en association avec les
collectivités locales, pourrait introduire,
dans les conditions du contrat qui le lie aux
établissements privés, la prise en
charge d'un contingent d'élèves en
provenance de familles en difficulté
proportionnellement égal aux
établissements publics voisins. À ne
pas le faire, en beaucoup d'endroits on renforcera,
qu'on le veuille ou non, l'écart entre une
école de pauvres et une école de
riches, avec, en outre, la
ségrégation souvent ethnique que cela
recouvre. Commentaire