L'école
québécoise vit actuellement de grands
changements et de profondes mutations :
implantation des conseils d'établissement,
territoires agrandis des commissions scolaires,
renouvellement accéléré du
personnel enseignant, utilisation des nouvelles
technologies, programmes d'études
basées sur l'acquisition de
compétences, nouvelles approches
pédagogiques, nouvelles pratiques
évaluatives, etc. L'école
alternative, incubateur de recherche et de
développement en éducation au
Québec, souvent à l'origine de ces
changements doit, elle aussi, composer avec ces
nouvelles réalités. Ces
thèmes, comme la démocratie à
l'école, la collaboration parent-enseignant,
le partage du leadership pédagogique, la
pédagogie du projet, les projets
d'élèves
sont au cur de
cet ouvrage.
L'association des
écoles alternatives pédagogiques du
Québec, le GOÉLAND (groupe
uvrant pour l'école
libéralisante, alternative, novatrice et
démocratique) organisait un colloque qui a
eu lieu à l'automne 1999 à
l'école Atelier, sous le thème
L'école alternative et la réforme de
l'éducation: continuité ou changement
?
Ce collectif
présente le contenu des conférences,
débats et ateliers qui s'y sont tenus. Le
colloque a été un lieu pour tous,
enseignantes et enseignants, parents, futurs
maîtres, responsables administratifs ou de
formation pédagogique, où ils ont pu
exprimer leurs visions, leurs réflexions,
leurs points de vue, divergents ou convergents, sur
la place que doivent prendre les écoles
alternatives dans les débats
éducatifs actuels. Rupture ou
continuité ? La question a été
abordée à maintes occasions. Rupture,
parce que l'école alternative se sent
fortement interpellée par les
dernières réformes. A-t-elle encore
raison d'exister dans un système qui se veut
aussi proche de sa philosophie, celle qui a
toujours prôné des valeurs de respect
des différences, de partage des pouvoirs
pour une pédagogie humaniste qui place
l'enfant au centre de ses apprentissages. Rupture,
parce que l'école alternative est
inquiète pour sa survie. Qu'est-ce qui la
démarque encore des écoles dites
traditionnelles si les orientations
ministérielles empruntent les mêmes
voies d'organisations pédagogiques et
administratives ? Les caractéristiques
d'innovation et de communauté de recherche
qui font sa réputation émergent des
discours entendus dans ce colloque. L'école
alternative est et demeurera toujours en constante
évolution. Les réformes curriculaires
lui donnent une nouvelle impulsion
réflexive, lui permettent d'aller de l'avant
et de continuer à s'adapter à son
environnement, comme elle l'a fait depuis plus de
20 ans.
C'est à
cette condition que sa continuité est
assurée. Par sa contribution au
développement de l'enfant, par l'implication
des parents et des enseignants, par le
rapprochement entre milieu familial et milieu
scolaire qui font de ces écoles un milieu de
vie qui va au-delà des choix d'une approche
pédagogique. " Le milieu alternatif est un
carrefour où se conjuguent, de façon
originale, les énergies des enfants, des
parents et des autres intervenants dans
l'organisation de l'école. Dans ces lieux,
on y développe un climat de questionnement
et d'ouverture, une ambiance de recherche en
matière d'éducation "
(GOÉLAND, 1996). Malgré les
recommandations du ministère de
l'éducation, les écoles
traditionnelles devront franchir un long parcours
et mettre beaucoup d'efforts pour parvenir à
créer l'esprit de collégialité
qui se vit en école alternative. Ne
l'oublions pas, c'est dans l'essence même de
la complexité et de la
fécondité des rapports
interpersonnels et de son impact sur le
développement intégral de l'enfant
que le projet éducatif des écoles
alternatives a pris forme, existe encore
aujourd'hui et continue de vivre.
La première
partie de cet ouvrage est consacrée à
la conférence de Louise Lafortune,
chercheure au CIRADE et professeure à
l'UQTR, laquelle portait sur les compétences
transversales dans la pédagogie du projet.
Plusieurs écoles alternatives ont
développé une expertise en
pédagogie du projet, une approche
pédagogique souvent mentionnée pour
actualiser le nouveau programme d'études. Le
regard d'une experte en sciences de
l'éducation permet de mesurer la justesse de
ce choix eu égard au développement
souhaité de compétences transversales
chez les élèves.
La deuxième
partie regroupe des textes de réflexions
pédagogiques sur les fondements
théoriques qui supportent les projets
éducatifs des écoles alternatives.
Ces textes ont été proposés
aux enseignants et aux parents militants dans des
laboratoires de pédagogie
expérimentale que sont les trente
écoles alternatives pédagogiques du
Québec.
La
troisième partie présente des
pratiques pédagogiques alternatives. Les
arts, la philosophie, l'éducation relative
à l'environnement sont des voies
privilégiées pour soutenir les
projets des enfants en y intégrant les
compétences transversales, telles que
formulées dans le Programme de formation de
l'école québécoise (MEQ,
2000). La quatrième partie est
consacrée à deux débats fort
intéressants sur le thème du
colloque, rupture ou continuité. Les
participants y ont exposé leurs perceptions
et leurs conceptions de la réalité
éducative actuelle en cherchant à
identifier la raison d'être des écoles
alternatives dans le contexte des réformes
actuelles, ce qui les démarque et ce qui
leur permet de croire à leur
continuité.
Enfin, la
cinquième partie présente la
conférence de Madame Jeanne-Paul Berger,
présidente de la Commission des programmes
d'études et directrice
générale de la Commission scolaire
des Phares, de la région de Rimouski,
laquelle portait sur la place des parents dans la
réforme au Québec.
Il faut
espérer que cet ouvrage sache inspirer
à sa façon les enseignants et les
dirigeants du milieu éducatif en
général, les incitant à aller
toujours de l'avant dans l'innovation, dans la
recherche et vers la réflexion pour un monde
meilleur. Nous comptons qu'il serve aussi de point
de départ à des projets
pédagogiques innovateurs et qu'il favorise
l'émergence de nouvelles communautés
d'intérêts et de savoirs chez ceux et
celles qui uvrent pour
l'éducation.
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