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ESSAI DE SYNTHESE SUR LA PROBLEMATIQUE

CROISSANCE ECONOMIQUE OU DECROISSANCE 

François Bonicel

PLAN DU SITE

A) LA CROISSANCE ECONOMIQUE

 

A1. Quelques repères théoriques

             Selon la définition classique de François PERROUX , la croissance économique est :

" l'augmentation soutenue pendant une période longue d'un indicateur de production en volume, l'indicateur retenu étant le produit intérieur brut (le PIB), la croissance du PIB par habitant mesurant la croissance du niveau de vie ".

             Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie en expansion. Ces transformations sont conventionnellement désignées sous le terme de développement économique.

             La croissance transforme la vie des individus en leur procurant plus de biens et de services. Le développement est un changement social modifiant le niveau et le mode de vie des individus.

La croissance provient de 3 facteurs qui généralement se combinent :

- l'augmentation du travail,

- celle du capital

- et celle de la productivité du travail, celle-ci résultant essentiellement du progrès technologique : innovation technique, innovation des produits et innovation des processus de production.

             La croissance économique n'est pas seulement un simple accroissement des volumes produits mais résulte surtout des innovations qui permettent l'enrichissement des biens et services, c'est-à-dire leur sophistication, leur variété, leur performance, leur fiabilité et leur adaptation à des besoins nouveaux.

 Historique:

             Il est généralement reconnu que le niveau de vie des humains de l'ensemble du globe n'a que faiblement évolué de l'antiquité au XVIIIème siècle, si l'on excepte la croissance dégagée en Europe entre le Xème et le XIIIème siècles, d'ailleurs annulée par les épidémies et les famines des XIV et XVèmes siècles.

             La croissance économique qui s'est développée à partir du XIXème siècle, essentiellement en Europe de l'Ouest, est donc un phénomène récent, géographiquement limité, et sans précédent historique, excepté la période relativement courte du Xème au XIIIème siècles en Europe. Il convient de noter que cette croissance s'est accompagnée d'un processus de paupérisation pour les paysans ayant quitté leurs terres pour rejoindre les usines et pour lesquels le départ de leur communauté d'origine a créé une rupture des solidarités traditionnelles.

              En 1913, le PIB français par habitant était de 3.485 US dollars valeur 1990. En 1998, il était de 19.558 US dollars, le taux de croissance annuel moyen sur la période ayant été de 2 %. S'il avait été de 1 %, le niveau de vie par habitant aurait été de 8.199 US dollars, soit un peu moins que le niveau de vie réel de l'Uruguay (8.314 US dollars).

Les déterminants essentiels de la croissance depuis le XIXème siècle ont été essentiellement :

o La liberté d'entreprendre et la liberté de circulation des idées, des personnes et des biens.

o L'élévation du niveau d'instruction des populations.

o Le progrès technique qui a permis tout à la fois d'augmenter la productivité du travail, et de développer les innovations techniques dans tous les domaines, qu'il s'agisse des processus de production, du lancement de nouveaux produits, et de la construction de grandes infrastructures.

             Au-delà des considérations théoriques, on peut considérer que la croissance économique, dans son acception actuelle purement quantitative, est essentiellement une " croissance d'accumulation de biens et de services ".

 

A2. La critique de " la croissance économique d'accumulation "

 

A2.1 La croissance repose sur l'utilisation massive de ressources épuisables dont il n'est pas sûr qu'elles puissent être remplacées par d'autres ressources, étant précisé en outre que l'exploitation des ressources épuisables provoque souvent des dérèglements majeurs de la biosphère : Changement climatique, appauvrissement des ressources naturelles, contamination chimique de l'environnement et des êtres etc. Nous contractons ainsi une dette croissante à l'égard des générations futures en ce que nous reportons sur elles les passifs correspondant aux destructions et dérèglements causés par notre type de croissance. Il faut y ajouter que l'épuisement des ressources pose le problème de l'accès à ces ressources pour tous, d'où des conflits majeurs qui peuvent conduire à des phénomènes de décroissance, voire de récession.

 

A2.2 La critique du PIB :

             Celui-ci est un indicateur incertain. Comparer la valeur de la production entre 1800 et aujourd'hui n'a guère de sens puisque les produits sont très différents. D'autre part, le PIB ne mesure pas ou mal l'économie informelle, ne prend pas en compte les productions domestiques (se marier avec sa cuisinière, disait Alfred Sauvy, fait baisser le PIB), ni les destructions de richesses ni les coûts induits, alors qu'il croît avec l'activité de reconstruction et de reconstitution.              Enfin, le PIB ne mesure pas le développement humain, ni ne prend en compte les phénomènes de paupérisation qu'entraînent souvent les mutations techniques.

             De nombreux exemples peuvent être cités : la comparaison du prix de l'électricité d'origine nucléaire avec celui de l'électricité d'autres origines est purement théorique si ne sont pas pris en compte (entre autres facteurs) un coût tel que celui du stockag et du retraitement des déchets ni l'avantage que constitue le fait que l'énergie d'origine nucléaire émet moins de gaz à effet de serre que l'utilisation de matières fossiles. La destruction de La Nouvelle Orléans par le cyclone Katrina n'est pas considérée comme une destruction de richesses alors que sa reconstruction contribue à la croissance du PIB.

             Enfin, la croissance mesurée par le PIB n'est que quantitative alors qu'une approche qualitative prendrait en compte le bien-être des populations, la santé des écosystèmes, le développement humain et la santé sociale.

 A2.3 La croissance est-elle toujours source de satisfaction ?

             La croissance économique crée des bouleversements sociologiques, politiques et écologiques qui sont souvent sources d'insatisfactions :

o Bouleversements sociologiques : les exodes ruraux, les grandes innovations (les transports, les nouvelles technologies de l'information et de la communication…) créent de grandes inégalités et de grandes transformations des rapports sociaux qui sont perçues, au départ et durablement, comme une somme de nuisances.

o La croissance des économies occidentales s'est appuyée en partie sur les exploitations coloniales et néo-coloniales : contrôle et captation des matières premières, exploitation de la main d'œuvre, soit par l'effet de " la traite ", soit par l'immigration dans les pays colonisateurs d'une main d'œuvre docile et bon marché, constitution de marchés captifs au bénéfice de " la métropole "…

o La révolution industrielle et la formidable croissance qui en a découlé sont à l'origine des bouleversements climatiques constatés aujourd'hui.

o La croissance économique crée, selon les lieux et les peuples, de nouvelles inégalités.

 

 

B) LA DECROISSANCE ECONOMIQUE :

 

 B1. Les prémisses

B1.1 MALTHUS :

             Dans son " Essai sur le principe de population " (1798), Malthus explique que la population croît plus vite que la production des subsistances qui lui sont nécessaires et qu'il convient de réduire la procréation des classes pauvres de la population. A sa suite, certains préconiseront un certain nombre de limitations à l'activité humaine pour des motifs divers : limitation de certaines productions afin de limiter la concurrence et l'effondrement des prix, protectionnisme, instauration de numerus clausus, etc.

 B1.2 LE CLUB DE ROME :

             En 1968, une équipe pluridisciplinaire du MIT commence à élaborer un premier rapport paru en 1972 qui souligne les dangers écologiques et l'épuisement des ressources naturelles qu'entraîne la croissance économique. Le Club de Rome ne préconise pas officiellement la décroissance mais la Croissance Zéro, car, pour lui, la croissance est un facteur essentiel de l'aggravation des dérèglements planétaires (pollutions, pénuries de matières premières, destruction des écosystèmes). Le Club de Rome annonce un futur plutôt catastrophique pour l'humanité, si cette dernière continue à ne pas se préoccuper des conséquences de ses activités sur l'environnement et sur le volume des ressources naturelles disponibles.

 

B1.3 IVAN ILLICH :

             A la même époque, (années 1960/1970), ce penseur d'origine autrichienne s'est fait le critique radical de la société industrielle, prônant " le mode de production autonome " opposé " au mode de production hétéronome ", ce dernier s'étant substitué au premier pour des raisons d'efficacité. Pour Illich, cette voie est une impasse : le recours croissant aux marchandises ne permet pas de satisfaire les besoins humains réels mais engendre une demande encore plus grande de marchandises. Il s'agit " d'une inversion de sens ". Plus n'est pas synonyme de mieux. Vient un moment où la marchandise, d'objet de libération, devient objet d'aliénation. Illich se fera le chantre d'une société douce, conviviale et frugale.

B1.4 NICHOLAS GEORGESCU-ROEGEN :

             Dans les années 1970/1980, cet économiste roumain émet une thèse selon laquelle la croissance, qui relève du modèle de l'économie classique basé sur le paradigme de la mécanique newtonienne, ne prend pas en compte le principe de la dégradation de l'énergie et de la matière. Selon lui, la tendance générale de l'évolution du monde est celle de la dégradation inexorable des matières et de l'énergie.

 Les tenants de la décroissance en tireront 4 conclusions :

· Le fonctionnement du système économique actuel dépend essentiellement de ressources épuisables dont la consommation s'accélère.

· Il n'y a pas de preuve d'un découplage possible entre la croissance économique et la croissance des impacts technologiques.

· L'accroissement de la richesse marchande se fait au détriment d'autres richesses : la santé des écosystèmes, la qualité des rapports entre les citoyens, le caractère démocratique des institutions.

· Les sociétés occidentales se caractérisent notamment par l'augmentation de biens matériels, au détriment de la qualité de la vie (silence, air non pollué, eau pure) sans prendre en compte les frustrations subies par les populations exclues de l'abondance, tant au sein d'elles-mêmes que dans les pays du Sud.

 

B2. Les tenants de la décroissance, " les décroissants "

 

B2.1 Les facteurs mis en avant :

- L'épuisement des ressources énergétiques : pétrole (pic pétrolier devant intervenir entre 2008 et 2040), gaz (pic prévu en 2080), uranium (pic prévu en 2060), charbon (pic prévu en 2200) au rythme actuel de consommation.

- La raréfaction de nombreuses matières premières (cuivre, fer, iridium etc.)

- La dégradation de l'environnement : effet de serre, dérégulation du climat, perte de la biodiversité, pollutions en tous genres.

- La dégradation de la santé : flore, faune et de l'humanité elle-même (stérilités, allergies, malformations etc.)

- L'évolution du mode de vie des pays du Nord se fait au détriment des pays du Sud : exemples : importation de soja pour nourrir le bétail (7 calories végétales pour 1 calorie animale d'origine bovine), privation d'énergie pour le Sud, exploitation des ressources des pays du Sud au détriment de leur autosuffisance, etc.

 

B2.2 Les préconisations des " décroissants "

On doit distinguer plusieurs courants de pensée favorables à la décroissance.

B2.2.1 Les " décroissants purs et durs " :

             Ils sont en rupture avec le système économique actuel et se présentent comme des anticapitalistes. Ainsi, Paul ARIES dit qu'il s'agit de " pulvériser la pensée économique ", Serge LATOUCHE préférant au terme de décroissance celui de " a-croissance ". Il s'agit pour ce dernier de sortir de l'économie, d'aller vers " l'après développement ", ce qui aboutit à remettre en cause les catégories de base de l'économie : l'argent, le salaire, la valeur d'échange, le marché, le profit, les prix, " les lois économiques ". Jean-Pierre TERTRAIS, pour sa part, parle " de la nécessité de sortir de l'impasse suicidaire du capitalisme ".

             Une tendance libertaire se joint à cette conception anticapitaliste et affiche sa volonté de changer radicalement les structures économiques et sociales. Pour eux, le mécanisme capitaliste de la plus-value est à la base de la surproduction et de la destruction des écosystèmes.

             Ces " décroissants purs et durs " plaident pour un changement radical, excluant des orientations relevant du " développement durable " dont ils nient qu'il puisse se réaliser.

 B2.2.2 : Les tenants de la " décroissance durable " ou " soutenable " :

             Ils estiment que la décroissance " durable " ou " soutenable " sera tôt ou tard imposée par la raréfaction des ressources naturelles. Ils proposent de l'anticiper de manière à affecter le mieux possible notre qualité de vie. Ils proposent des démarches individuelles (la simplicité volontaire) et des démarches collectives de sensibilisation de la population dont le contenu apparaît vague sinon inconsistant.

             Au total, ces " décroissants " s'opposent au productivisme économique de l'ère industrielle, mais aussi au " développement durable " lorsqu'il se définit comme nécessitant une croissance durable des systèmes de production et d'échange de biens et de services. Pour eux, une société qui consomme plus de ressources ne peut pas être respectueuse de l'environnement et sera fatalement confrontée au manque de ressources vitales. Ils estiment que l'humanité doit se passer d'une croissance matérielle perpétuelle au profit de réponses justes aux besoins matériels, sociaux et psychiques des populations, et au profit d'une croissance partagée de la qualité et du plaisir de vie, du savoir et des cultures.

B2.2.3 : Les tenants de la frugalité :

             Ils préconisent un nouvel humanisme valorisant la lenteur, l'abstinence, la convivialité. Il s'agit de bâtir une " société de frugalité " selon la définition de l'universitaire François BRUNE. Pour Pierre RABHI, " la société de consommation engendre une prospérité malheureuse ". Le but est de passer à une société de frugalité mais surtout de sobriété, où la production et la consommation se feraient localement. Peuvent se rattacher à cette conception les partisans des relocalisations.

Quelques citations de " décroissants "

· " Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou ou un économiste " (Kenneth Boulding).

· " La décroissance ne propose pas de vivre moins mais mieux, avec moins de biens mais plus de liens " (Charte de la décroissance).

· " Nul n'a besoin d'être un économiste pour comprendre qu'un individu ou une collectivité tirant la majorité de ses ressources de son capital et non de ses revenus est destiné à la faillite. Non content de piller ce capital, notre modèle économique fondé sur la croissance, induit une augmentation constante de ses prélèvements " (Vincent Cheynet).

· " Les symptômes d'une crise planétaire qui va s'accélérer sont manifestes. On en a de tous côtés le pourquoi. J'avance pour ma part l'explication suivante : la crise s'enracine dans l'échec de l'entreprise moderne, à savoir la substitution de la machine à l'homme. Le grand projet s'est métaphorisé en un implacable procès d'asservissement du producteur et d'intoxication du consommateur " (Ivan Illich).

B2.2.4 : " la techno démocratie ", une illusion :

             Les tenants de cette proposition s'insurgent contre " le projet technicien " qui se caractériserait par la volonté de remplacer le tissu social, les liens de solidarité qui constituent la trame d'une société, par une fabrication : le projet inédit de produire les relations des hommes à leurs voisins et à leur monde comme on produit des automobiles ou tout autre produit.

             Sous jacente mais implicite, cette proposition vise une " megamachine ", autrement dit l'Occident, le monde des gagnants de la planète. La technique y occuperait une place centrale, du fait qu'elle serait la forme en laquelle s'incarne le mieux l'imaginaire du progrès et l'idée de modernité. Jacques ELLUL dénonçait un totalitarisme technicien conduisant à une société totalitaire ; tout problème étant technique, ne peut que trouver des solutions techniques.

 

 B3. Les critiques de la décroissance

 

B3.1 Pierre Antoine DELHOMMAIS, journaliste au " Monde " :

             " les tenants de la décroissance sont des individus habitant les régions prospères du monde et leurs idées correspondent à une lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes mais cela va généralement ensemble. Les décroissants se proclament humanistes mais ils ne croient pas en l'homme. Leur pessimisme leur fait dire que l'humanité ne sera pas assez inventive pour trouver des énergies de substitution au pétrole, ni assez raisonnable pour éviter un désastre écologique. Mais ils laissent à leur sort le milliard d'êtres humains qui vivent avec moins de 1 dollar par jour. En Chine, le nombre de personnes très pauvres est passé, grâce au boom économique, de 377 millions en 1990 à 173 millions en 2003 et l'extrême pauvreté sera éradiquée dans 15 ans si le PIB continue à progresser au même rythme ".(Le Monde du 30-07-2006)

 

B3.2. Michel HUSSON, économiste à l'IRES :

             " l'absence de croissance n'est pas un moyen de relever les défis d'aujourd'hui. La théorie de la décroissance omet l'existence d'énergies renouvelables comme celle du soleil mais surtout elle n'évoque pas les conditions qui permettront de satisfaire les besoins de l'humanité sans faire sauter la planète. Les tenants de la décroissance passent à coté des moyens de satisfaire les besoins de base en matière d'accès à l'eau, de santé, d'éducation et de logement. Bien entendu, il faut construire des réseaux d'adduction, des centres de soins, des écoles et des habitations et ce n'est être ni occidentaliste, ni productiviste que de souhaiter que les pays du Sud puissent jouir de telles réalisations. Les décroissants font preuve " d'économisme " qui tend à donner la priorité à l'économique sur le politique et sont en cela semblables aux tenants de l'économie dominante ".

             Pour Michel HUSSON, il y a 3 conditions au développement harmonieux de la planète :

1. Affecter les gains de productivité à la diminution du temps de travail est le moyen d'établir une croissance non productiviste.

2. Au Sud, il faut améliorer les conditions de vie et tout particulièrement celles des femmes.

3. Il faut développer les transferts de technologies vers les pays du Sud pour que ces derniers aient accès et emploient des formes d'énergie moins polluantes.

 

 B3.3 La décroissance perçue comme un " concept rétrograde ", voire moralisant et culpabilisateur, voire " totalitaire " :

             La décroissance est parfois présentée par ses détracteurs comme un " retour en arrière " et une " conception technophobe ". S'y opposent les tenants de la " noosphère " où les principales ressources seront l'information et la culture.

·              La décroissance est souvent perçue, notamment dans les milieux libertaires, comme un retour aux valeurs chrétiennes de dépouillement et de pauvreté ; le mensuel " la décroissance, le journal de la joie de vivre " est critiqué pour ses positions moralistes, voire moralisantes.

·             Les concepts de " relocalisation " et " d'autonomie locale " mis en avant par certains " décroissants " apparaissent comme un repli vers une préférence locale ou nationale, soit une forme de protectionnisme contraire aux systèmes de solidarité institutionnels, et comme tels, pouvant conduire à des conflits entre les nations, voire les régions.

·             Les " décroissants purs et durs " apparaissent souvent comme les porteurs d'une idéologie totalitaire. Enfermés dans leurs certitudes, ils pourraient vouloir le bien des gens malgré eux.

 

B3.4 La décroissance est une vision niant les capacités autorégulatrices du marché :

             Selon cette thèse, le capitalisme permet l'arbitrage des activités humaines en les orientant vers des ressources plus abondantes ou, au contraire, en restreignant le recours à une ressource qui se raréfie, et ceci par l'effet de prix. Arguments mis en avant : les réglementations environnementales les plus contraignantes ont été mises en place dans les pays riches et démocratiques. Ce sont ces mêmes pays qui développent et diffusent de nouvelles technologies permettant une meilleure utilisation des ressources économiques ou de rechercher des ressources nouvelles. En France, c'est le Commissariat à l'Energie Atomique (le CEA) qui est le premier promoteur de la recherche sur les énergies renouvelables et c'est AREVA qui a les plus grandes ambitions dans le domaine des éoliennes.

 

B3.5 La décroissance se heurte à la critique " tiers mondialiste " :

            Beaucoup de ses détracteurs dénoncent la décroissance comme une idée qui est essentiellement prônée par les enfants des classes bourgeoises des pays développés et par les intellectuels occidentaux à la recherche de nouveaux cadres idéologiques qui pourraient se substituer aux idéologies qu'ils ont adorées mais qui se sont effondrées. Certains " décroissants " apparaissent trop comme les défenseurs d'un monde, le leur, qui leur semble menacé, leur choix aboutissant en fait à poser des obstacles au développement des pays pauvres qui aspirent à mettre en œuvre les moyens qui ont fait la prospérité des pays du Nord.

 

C) L'OPINION TOUTE PERSONNELLE DU REDACTEUR DE CETTE TENTATIVE DE SYNTHESE

 

             Avertissement : comme toute opinion, celle du rédacteur de cette note est évidemment critiquable ; elle n'est émise ici que pour susciter le débat, le rédacteur espérant n'avoir pas franchi les limites de l'acceptable !

 

C1. Critique des thèses des tenants de la croissance

             A vrai dire, il s'agit surtout ici de critiquer les ayatollahs de la croissance, les adeptes de la croissance pour la croissance qui ne se préoccupent ni de son contenu ni de ses conséquences sur l'environnement mais se soucient seulement d'accumuler toujours plus.

 

C1.1 L'insuffisance du PIB comme mesure de la croissance

             Purement quantitatif, il ne prend pas en compte l'ensemble des facteurs de destruction de notre environnement et donc de leur coût réel. En outre, l'obsession de la croissance, qui rassemble la Gauche et la Droite, est aveugle à la réalité de la crise écologique. Or l'ampleur de la dégradation de la biodiversité (dégradation des océans qui sont notre poumon, disparition des espèces tant de la faune que de la flore, y compris dans nos pays européens, pollution de l'air que nous respirons etc. est sous nos yeux). Nul ne saurait ignorer que la biosphère est un bien que nous ne pouvons pas ne pas transmettre dans l'état où nous l'avons trouvée sauf à laisser sur les épaules des générations futures une dette immense qui ne saurait cesser de s'alourdir sans un changement de nos modes de vie.

Il faut néanmoins reconnaître que le PIB, pour autant que son mode de calcul soit constant et homogène entre les pays, peut être révélateur d'une évolution qui peut être significative quant à la situation économique d'un pays, d'une zone régionale et du monde..

             Ne demandons pas plus au PIB aujourd'hui, que ce qu'il peut donner, mais exigeons pour l'avenir qu'il prenne en compte tous les facteurs qui influent sur le sort du monde. C'est possible ainsi que le montrent les progrès accomplis par les instituts statistiques internationaux comme Eurostat et les instituts de comptabilité nationale.

 

C1.2 L'obsession de la croissance relève d'une idéologie :

             Elle fait abstraction de tout contexte social et de la répartition des " fruits de la croissance " au sein d'un pays et dans le monde, et de l'impact de la croissance d'un pays ou d'une zone régionale sur les autres pays de la planète. Par ailleurs, comment ne pas observer que le Bureau International du Travail (BIT) et la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), malgré une croissance du PIB mondial de 5 % par an, indiquent que le chômage ne diminue pas dans le monde ? Le FMI et la Banque mondiale, pourtant montrés du doigt par les alter mondialistes à travers le monde, observent que l'élévation du PIB ne fait pas reculer la pauvreté et l'inégalité.

             En réalité, l'invocation de la croissance comme remède à tous les maux, est un moyen de ne pas remettre en cause l'inégalité extrême des revenus et des patrimoines et de faire croire à chacun que son niveau de vie va augmenter.

 

C1.3 La croissance ne peut pas reposer sur une exploitation sans limites des ressources naturelles

             Loin de moi de spéculer sur l'incapacité de l'humanité à découvrir de nouvelles ressources, notamment dans le domaine énergétique mais comment ne pas tenir compte des nuisances que nous produisons et dont nous constatons les effets sous nos yeux ? Il ne suffira pas de trouver de nouveaux gisements d'hydrocarbures, notamment dans les fonds off-shore à grande profondeur, puisque, si nous résolvions le problème de nos approvisionnements, nous n'en serions pas moins confrontés aux conséquences de nos émissions de CO², qu'il s'agisse de leurs effets sur la couche d'ozone, ou des " pollutions ordinaires " dont nous sommes victimes.

             En outre, l'appauvrissement des ressources vivantes, la biosphère, a des effets redoutables car, en deçà d'un certain niveau de régression, la reconstitution de la ressource, notamment pour la faune, qu'elle soit terrestre ou marine, n'est plus possible.

             Il apparaît donc bien, que nous le voulions ou pas, qu'il est indispensable, et ceci le plus rapidement possible, de modifier tout à la fois certaines formes de consommation et certains de nos modes de vie.

 

C2. Critique des thèses des tenants de la décroissance

             Je ne crois pas à la pertinence de la thèse des " décroissants " et ceci pour les raisons suivantes :

 

C2.1 Les milliards d'hommes vivant dans la pauvreté, voire l'extrême pauvreté, ne sauraient entendre les arguments des " décroissants ".

             Leurs préconisations n'ont, à mon sens, aucune chance d'être acceptées et mises en œuvre. A cet égard, il apparaît bien que les " décroissants " appartiennent dans leur majorité aux pays qui sont les premiers bénéficiaires, au plan mondial, de cette croissance qu'ils rejettent mais à laquelle aspirent les multitudes des pays du Sud.

 

C2.2 Les " décroissants " se voient dans un monde fini, clos sur lui-même, alors que le progrès technique ouvre des perspectives immenses.

             Je réfute le pessimisme fondamental des " décroissants " qui fait fi des enseignements de l'histoire qui nous montrent combien l'humanité a su évoluer et s'adapter à toutes les situations selon les époques. En fait, les " décroissants " m'apparaissent peureux, frileux et manquant terriblement d'inventivité et de discernement.

 

C2.3 Comme Pierre RABHI, je crois que la société de consommation engendre une " prospérité malheureuse ".

             Qui peut croire que les gens qui, en famille, fréquentent en fin de semaine les galeries marchandes des centres commerciaux sont heureux ? Mais je crois de toutes mes forces à la liberté humaine et estime qu'il appartient à chacun de choisir son mode de vie et donc de déterminer son type de consommation.

             Cela étant, il nous faut admettre que les pauvres ne peuvent décider librement de réduire leur consommation ou de la limiter. Comment ne pas penser à ces 400.000 personnes qui vivent dans l'immense bidonville de la " Cité Soleil " à Port-au-Prince en Haïti qui se partagent 52 points d'eau quand ils sont alimentés et où règnent une misère insoutenable et la loi de la jungle imposée par des gangs hyper violents ? (Voir Le Monde du 16-06-07). L'exercice de la liberté exige des conditions de vie décentes sans lesquelles rien n'est possible.

             Nous sommes là en face d'un dilemme : s'il nous faut reconnaître que la croissance telle que la prônent les théoriciens de la croissance à outrance est incapable à elle seule de satisfaire les besoins de l'humanité, il nous faut reconnaître aussi que sans croissance nous sommes incapables de mettre fin à la pauvreté d'une grande partie de l'humanité.

 

C2.4 Les tenants de " la frugalité " sont-ils à même de dépasser ce dilemme ?

           Il me semble que la frugalité se justifie dans une seule perspective, celle d'une démarche spirituelle personnelle. Je pense que la pauvreté, dans un monde riche, est un scandale absolu et que l'aisance, voire la richesse, même acquises honnêtement (mais qu'est-ce que l'honnêteté si l'on admet que le droit, dans son acception purement juridique et légale, ne saurait se confondre avec la justice) sont un obstacle empêchant de rencontrer l'autre, a fortiori le pauvre. La personne aisée, voire riche, même si elle ne surconsomme pas et ne se contente pas de jouir de la détention de son patrimoine, est inévitablement lointaine des pauvres. Sa frugalité éventuelle ne saurait rien y changer si elle ne s'accompagne pas d'actes véritables pour la justice. Quant à la frugalité qui serait recommandée aux pauvres, qu'ils appartiennent aux pays du Nord et a fortiori à ceux du Sud, je ne saurais l'admettre. Alors la frugalité à titre personnel, oui, à condition qu'elle s'inscrive dans une démarche personnelle et collective effective pour la justice, tant au sein de notre pays qu'au plan mondial.

             Le choix de la frugalité me paraît tout à fait respectable mais relève d'une démarche purement personnelle et ne saurait inspirer une politique économique et sociale.

 

C2.5 Les " décroissants " sont divisés, le plus souvent dogmatiques, constituant des groupuscules qui s'opposent selon le degré de pureté de la ligne anticapitaliste qui est la leur et qui semble leur vraie caractéristique. Ils semblent peu préoccupés de concevoir et de promouvoir une véritable alternative à la croissance à tout va. Le " parti de la décroissance " fondé en France en 2006 est resté totalement absent, incapable de faire entendre sa voix lors de la dernière campagne présidentielle et celle des législatives. Quant à ceux qui se montrent moins dogmatiques, plus mesurés, ils paraissent plus encombrés par leurs états d'âme que porteurs d'un véritable projet.

 

C2.6 Les "décroissants purs et durs " sont le plus souvent des militants qui tentent d'utiliser les méfaits d'une croissance débridée pour promouvoir leur lubie anticapitaliste qui constitue leur véritable inspiration. Critiquer le capitalisme en tant que tel est aussi efficace que de prétendre que la terre ne tourne pas sur elle-même. Le capitalisme existe en soi et la seule chose qui compte, c'est ce que l'on en fait.

             Le capitalisme est multiforme, il sait s'adapter, anticiper, évoluer, puisqu'il est le cadre naturel et structurel de la vie économique. L'Homme n'a jamais vécu dans un autre cadre, à l'exception des périodes pendant lesquelles des idéologues l'ont convaincu de tenter autre chose et qui se sont toutes terminées par des catastrophes majeures.

             Mais l'Homme a aussi inventé l'Etat démocratique pour réguler le capitalisme, lui imposer des règles, des limites, afin d'éviter qu'il n'abuse de sa force, ce processus ne devant pas s'interrompre avant la fin du monde.

 

C3. Pour une autre croissance

 C3.1 La croissance est nécessaire

             Je faisais observer au début de cette note que le niveau de vie des humains n'avait que peu évolué de l'antiquité au XVIIIème siècle. Au début de notre ère, la population mondiale n'était vraisemblablement que de 250 millions d'habitants et n'avait pas atteint le milliard d'habitants à la fin du XVIIIème. Aujourd'hui, il s'agit de tout autre chose : après avoir franchi le cap du 1,6 milliard d'habitants en 1900, la population mondiale atteint aujourd'hui 6,5 milliards d'habitants dont 2 milliards manquent à peu près de tout. Le défi auquel nous sommes confrontés est que l'ensemble de l'humanité puisse vivre dans des conditions décentes, sans que l'inégalité soit trop grande entre les pays du Nord qui, les premiers, ont connu la croissance et les pays du Sud dont certains connaissent heureusement une formidable croissance depuis quelques années.

 Seule la croissance permet de créer les richesses nécessaires pour satisfaire les besoins des hommes, en particulier les populations innombrables des pays du Sud.

             Ces besoins sont immenses et concernent des milliards d'hommes dans le monde. Ils nécessitent évidemment la mise en œuvre de moyens puissants, le capital, le travail, l'innovation qui ne sauraient se mobiliser sans perspectives de développement comme l'a montré la formidable croissance des pays, d'abord émergents, qui sont maintenant en plein développement, comme la Chine, l'Inde et le Brésil pour ne citer que les principaux d'entre eux.

 

C3.2 Le modèle de croissance né au XIXème siècle ne peut perdurer

             Nous l'avons dit, ce modèle a atteint ses limites sauf à mettre en danger la vie sur notre planète. Il est hors de question d'essayer d'obtenir des pays du Sud qu'ils renoncent à utiliser les moyens qui ont permis aux pays du Nord de devenir prospères. Ils nous reprocheraient à juste titre notre égoïsme et se refuseront à obtempérer. Il revient aux pays du Nord de se fixer un grand défi.

 

C3.3 Pour une juste appréciation des risques :

 C3.3.1 Le réchauffement climatique :

             Dans son fameux rapport, Nicholas STERN a montré que le principal défi auquel nous sommes confrontés est le réchauffement climatique que la plupart des scientifiques expliquent par l'accumulation de nos émissions de gaz à effet de serre, en particulier le CO². Le réchauffement climatique pourrait coûter à l'économie mondiale jusqu'à 5 500 milliards de dollars, ce qui représenterait entre 5 et 20 % du PIB mondial, voire plus, si les gouvernements n'engagent pas des mesures énergiques dans les 20 prochaines années. Pour fixer les ordres de grandeur, ce coût correspond aux conséquences économiques et sociales des 2 guerres mondiales et de la grande dépression de 1929 ! De surcroît, le nombre de réfugiés, victimes de la sécheresse et des inondations, pourrait s'élever à 200 millions de personnes. Il faut ajouter qu'une telle catastrophe aurait sans doute des conséquences non réversibles qui pourraient durer pendant des siècles.

             Tous les pays seraient touchés, les pays pauvres, plus vulnérables, l'étant davantage que les pays riches. A cet égard, il faut signaler que les éléments fondamentaux de la vie pour des pans entiers de la population mondiale (l'accès à l'eau, la production de nourriture, la santé ainsi que l'environnement) seraient gravement affectés.

             Le rapport STERN, qui repose sur des études approfondies au plan mondial dont les conclusions n'ont guère été contestées, affirme que mettre en œuvre les mesures qu'il préconise pour lutter contre le réchauffement climatique coûteront infiniment moins cher que les conséquences de l'inaction.

 

C3.3.2 L'épuisement des ressources naturelles :

             Il n'est pas douteux que les ressources naturelles, en particulier celles relevant du monde vivant, risquent de s'épuiser comme le montre l'évolution de la ressource halieutique qui se raréfie partout dans le monde. Les raisons en sont bien connues : la surexploitation et les atteintes aux milieux naturels dues aux pollutions produites par les activités humaines.

 

C3.4 Pour un nouveau modèle énergétique

             Devant le scénario catastrophe du réchauffement climatique, les " décroissants " invoquent la nécessité de la décroissance mais ils se trompent. Le monde n'a pas besoin de choisir entre éviter le réchauffement climatique et promouvoir la croissance et le développement. Au contraire, la maîtrise du réchauffement climatique induit une nouvelle stratégie de croissance à long terme qui n'impose pas de limite à la croissance dont ont impérativement besoin tous les pays, en particulier ceux du Sud.

 Il s'agit de développer sans tarder les technologies propres et à grande efficacité énergétique en matière de production d'électricité, de chauffage et de transport. Ajoutons que s'ouvrent de considérables perspectives d'activité dans la conception de nouveaux matériaux, comme l'a bien compris le groupe SAINT GOBAIN, dans la construction de bâtiments économes qui pourraient produire plus d'énergie qu'ils n'en consomment et la construction de moteurs faiblement consommateurs d'énergie et ne rejetant pas de polluants.

             La Confédération Européenne des Syndicats, inquiète des conséquences que pourraient avoir sur l'emploi les mesures de lutte contre le réchauffement climatique, a commandé une étude pour apprécier ces risques. Il ressort de l'enquête cofinancée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (l'Ademe) que combattre les émissions de CO² dynamisera l'emploi (" le contenu en emploi des énergies renouvelables est pratiquement multiplié par 10 par rapport aux énergies fossiles ").

             D'ores et déjà, 200 000 personnes travaillent en Allemagne dans le secteur de l'énergie propre; ce secteur était jusqu'à présent plutôt occupé par des PME mais les grands groupes allemands tels que EON, RWE, EnBW découvrent ce secteur d'avenir qui pourrait employer 300 à 500 000 personnes en 2020 et y investissent massivement. Il en est de même aux Etats-Unis dont les industriels ont compris les aspirations écologiques que manifestent de plus en plus d'Etats tels que la Californie. Le capitalisme sait s'adapter et discerner les marchés d'avenir comme en témoigne l'invention du marché du CO² dont le principal acteur en France est la Caisse des Dépôts et Consignations. On sait par ailleurs que de grands groupes chinois s'intéressent au secteur des énergies propres. Malheureusement, on sait aussi que le Ministère français de l'économie a freiné AREVA dans sa tentative de prendre le contrôle du principal fabricant allemand d'éoliennes qui est tombé dans l'escarcelle d'un groupe indien.

             Ce sont donc de formidables perspectives de croissance saine qui s'ouvrent. Il reste à souhaiter que les pays développés sauront réaliser le transfert des nouvelles technologies énergétiques dont ont tant besoin les pays du Sud. Mais ceci est un autre problème dont les politiques et les citoyens devraient se préoccuper.

 

C3.5 Pour une économie non polluante

             Comme dans le domaine énergétique, de nouvelles technologies apparaissent qui développent des processus de production non polluants. L'économie de la connaissance est de plus en plus immatérielle comme l'illustre l'émergence des nanotechnologies et des technologies de réseaux. Il s'agit d'une nouvelle " ère industrielle " qui est caractérisée par la substitution d'une fonction de service à la fonction purement quantitative de production d'objets. Des entreprises, telles que le groupe AIR LIQUIDE, orientent tout leur développement dans l'enrichissement de leurs prestations qui se concentrent sur la génération d'économies de matières premières et d'énergie.

             En outre, de nouvelles entreprises apparaissent, qui se consacrent exclusivement au traitement écologique des déchets et des pollutions qu'elles valorisent, en les recyclant en des matières premières nouvelles.

             Ces nouvelles activités vont permettre de mettre fin aux pollutions qui ont mis en danger le monde vivant. Il s'agit de les coupler avec des politiques de limitation des prélèvements des ressources du monde vivant ; celui-ci pourra se redéployer, les mers et les océans retrouvant de ce fait leur rôle dans l'oxygénation de la planète et la reproduction des espèces.

             Dernière vertu, mais pas la moindre pour nos sociétés, de la mise en œuvre de ces nouvelles technologies non polluantes et des industries de la dépollution, ces nouvelles activités recèlent d'immenses gisements d'emplois.

             Comme nous l'avons constaté en envisageant un nouveau modèle énergétique, la mise en œuvre de cette économie non polluante correspond à une nouvelle stratégie de croissance.

             Cela est vrai pour les pays du Nord mais plus encore pour les pays du Sud qui commencent à peine, en particulier dans les pays émergents, à prendre en considération les risques auxquels les exposent les activités polluantes.

 

C3.6 Pour de nouveaux modes de consommation

             De même qu'ils commencent à se consacrer à de nouvelles activités essentiellement immatérielles, faiblement consommatrices en matières premières et peu énergétivores, les hommes sont appelés à privilégier la qualité de leurs consommations de biens matériels, plutôt que leur quantité. On sait, et ce n'est qu'un exemple, que la consommation de vins courants a considérablement baissé en France du fait de la diffusion de l'information sur les risques sanitaires au bénéfice des vins d'AOC dont la consommation est bien moindre, notamment du fait des prix. Par ailleurs, la nouvelle industrie propose de plus en plus de produits dont le contenu est multiforme. L'évolution des téléphones portables illustre parfaitement ce phénomène d'enrichissement des productions.

             En outre, et on le constate déjà dans les pays du Nord, la demande s'oriente de plus en plus vers les activités de service qui contribuent tant à l'amélioration de la qualité de la vie. Enfin, en relation étroite avec l'élévation du niveau d'éducation, la demande va privilégier les richesses de la connaissance et de l'information qui sont appelées à connaître un développement formidable. Que l'on pense au prodigieux développement du multimédia et des moyens de communication et d'information dont l'internet est le symptôme le plus visible.

             On le voit, il ne s'agit pas de consommer moins mais de consommer, je n'ose dire mieux, mais autrement. Nos sociétés sont appelées, pour reprendre un propos de Patrick VIVERET, à sortir d'une croissance de " nature toxicomane " où l'ordre des choses procède d'une conquête de l'avoir, et " interdit un développement de l'ordre de l'être ". Les enjeux sont immenses puisqu'il s'agit de renoncer à une " prospérité malheureuse " et d'assumer la fin du mythe de " l'économie du toujours plus " qui est la marque des XIXème et XXème siècles.

 

C3.7 De la responsabilité des pays du Nord

             Il appartient en priorité aux pays du Nord de mettre en œuvre ce nouveau modèle de croissance. Ayant surexploité les ressources disponibles et notamment celles des pays du Sud, ils doivent mettre en place le nouveau modèle de croissance qui s'impose et mettre à la disposition des pays du Sud les technologies nouvelles qui leur permettront d'éviter d'en passer par les errements de " la croissance d'accumulation " que nous avons pratiquée trop longtemps.

             Il va de soi que ces transferts de technologies, si l'on veut (et on le doit) éviter des phénomènes de " recolonisation ", devront être réalisés sans autre contrepartie que la mise en œuvre effective des technologies concernées par les pays du Sud. La réalisation de ces transferts devra être assumée sous les auspices des institutions internationales en charge de l'aide au développement que sont la Banque mondiale et le FMI. Ces derniers, agissant vraiment dans l'intérêt général de la communauté internationale, ne pourront plus être accusés comme aujourd'hui de promouvoir un modèle économique servant exclusivement les intérêts des pays riches, et les pays du Sud contribueront par la mise en œuvre des nouvelles technologies, et sans être pénalisés, au sauvetage de notre planète.

             On peut évidemment craindre que les pays riches puissent se montrer égoïstes mais l'évolution du monde va sans doute leur montrer que la " croissance d'accumulation " est une impasse et qu'en outre, le développement des pays du Sud est un problème politique majeur et qu'il s'impose dans leur propre intérêt.

             S'agissant de la faisabilité des transferts de technologies, ces dernières appartiennent très souvent à des intérêts privés dont l'altruisme n'est pas le premier souci. L'aide au développement est un combat et l'on doit observer que des progrès notables ont été réalisés dans ce domaine. C'est en particulier le cas de l'industrie pharmaceutique qui a du accepter, sous la pression des opinions publiques et des gouvernements, que des génériques soient fabriqués et distribués, en Afrique notamment, dans le cadre de contrats de licences très avantageux pour les pays bénéficiaires. De même des thérapies ont été mises en œuvre à des conditions acceptables, notamment dans le cadre de programmes de lutte contre le sida. L'essentiel reste à faire, c'est certain. Le combat doit continuer et s'amplifier.

 

En guise de conclusion

 

             On aura compris qu'il ne s'agit pas ici de recommander, comme le font " les décroissants " de proposer des limites à l'activité humaine, de telles recommandations n'ayant d'ailleurs aucune chance d'être entendues ni, bien sûr, d'entrer en application. Il ne s'agit pas non plus, comme le font les ultras de la " croissance d'accumulation " d'invoquer, quasi religieusement, les " bienfaits de la croissance " et qui finiraient, si nous les laissions faire, par nous conduire à la catastrophe.

              Il s'agit de mettre en œuvre un nouveau modèle de croissance relevant de l'économie de la connaissance qui est largement immatérielle, et repose sur l'innovation et les capacités humaines à imaginer et à maîtriser un monde nouveau.

             Certains théoriciens estiment qu'après " le capitalisme esclavagiste ", " le capitalisme marchand ", " le capitalisme productiviste ", nous entrons maintenant dans une nouvelle phase de l'histoire humaine, celle du " capitalisme cognitif " où la connaissance et l'information sont les facteurs déterminants de l'économie et de l'évolution des activités humaines. Nous avons encore du mal à discerner les contours de ce " nouveau monde " mais il est assez évident que dans une telle perspective, il est parfaitement vain de vouloir se raccrocher aux vieilles recettes et aux concepts d'hier.

             L'histoire nous enseigne que l'humanité a déjà connu de telles périodes : je n'aurai pas la prétention d'évoquer ici les merveilles accomplies par l'homo sapiens mais nous connaissons sans aucun doute une période qui fait penser à l'époque de La Renaissance et des Grandes Découvertes au cours de laquelle l'Homme occidental a connu une formidable mutation qui a bouleversé sa conception du monde. (Le 4 juillet 2007)

Voir aussi:

L’éducation, le paramètre ignoré du Sommet de Copenhague

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Réactions

<<Mais quels sont les paramètres de la justice qui peuvent expliquer l’économie d’un pays.>>

<<Quelques remarques à propos du texte de François Bonicel sur croissance et décroissance. Thèse (A) et antithèse (B) sont honnêtement présentées. C'est sur la synthèse (C) que porteront les quelques remarques suivantes.

C.1.1 Le PIB est un indicateur global des " richesses produites " - en fait uniquement des produits et services du secteur marchand. Il ne reflète en rien les activités qui ont pour but d'améliorer les conditions de vie des habitants du pays concerné. On connaît l'impact des accidents de la route, par exemple, sur le PIB et l'absence d'impact des travaux non rémunérés (femmes au foyer, bénévoles associatifs, etc.). Il n'a de l'intérêt que si on se place exclusivement dans l'optique du marché. Calculer le PIB par habitant est une imposture. C'est implicite dans le C.1.2 mais pas assez nettement dit à mon sens.

C.1.3. la dernière phrase est importante ; elle gagnerait à être développée.

C.2.1 Que la décroissance ne puisse concerner que les habitants des " pays du Nord " (et encore, il faudrait nuancer : pour le rmiste, le chômeur, le petit retraité, le SDF, c concept n'a aucun sens !) est une évidence. Je ne vois pas en quoi cela affaiblit le concept.

C.2.2 Cet hymne au progrès technique sent furieusement son 19e siècle ! Je réfute l'idée que les décroissants sont fondamentalement des pessimistes : critiquer l'emballement des technosciences et de leur prétention à être le seul facteur de progrès (humain ?) me semble au contraire salutaire aujourd'hui.

C.2.3 l'acte de foi en la " liberté humaine " qui permet le choix de son mode de vie et son type de consommation n'est-il pas en contradiction avec la réalité rappelée (les habitants de la Cité Soleil) dans ce même § ? Quid du conditionnement exercé par l'environnement (humain, social, paradigmatique, etc.) ? Il y a aussi l'écart entre ce que Le principe de liberté et la réalité des possibilités. Je suis libre de vouloir aller dans la lune, mais puis-je y aller pour autant ?

C.2.4 Il y a plusieurs points qui mériteraient d'être distingués dans ce §. Que la frugalité soit un choix individuel est évident, encore que certains sont condamnés à l'être pour diverses raisons - et notamment pour des raisons financières ! Mais qu'une démarche ne puisse être qu'individuelle au départ lui enlève-t-il tout impact sur le contexte social ? On a trop souvent tendance à vouloir changer le monde sans se changer soi-même : la transformation personnelle (TP) ne suffit pas à entraîner la transformation sociale (TS), mais la TS ne se fera que dans une interaction persévérante entre TP et TS.

Le concept de pauvreté est complexe : je ne suis pas spécialement pauvre, mais je me sens pauvre quand je me promène sur certaines avenues du bord de mer de la Côte d'Azur ! La pauvreté est scandaleuse dans un pays riche comme le nôtre, mais la richesse peut l'être tout autant. A se focaliser sur ces concepts - qui sont aussi des réalités sociales - on ne sort pas du paradigme fondamental de nos sociétés occidentales qui est de poser comme axiome (donc non discutable) que " l'objectif de toute société humaine est de créer de la richesse. " Ce qui amène à identifier développement et croissance.

C.2.5 L'argument de la division des " décroissants " est bien pauvre ! Qu'il n'y ait pas de projet social commun ne suffit pas à discréditer une idée. Le marxisme-léninisme a (avait) un projet précis : on a vu ce que cela a donné. La confusion actuelle peut aussi bien être le signe d'une foison de recherches. Ce qu'il faut déplorer, c'est plutôt l'enfermement de ce que vous appelez des " groupuscules " - signe effectivement de dogmatismes qui les empêchent de " progresser " dans la réflexion.

C.2.6 Les rapports entre capitalisme et démocratie mériteraient plus que des affirmations péremptoires comme " l'homme n'a jamais vécu dans un autre cadre " qui font fi de l'histoire des hommes qui ne se réduit pas aux derniers siècles des pays occidentaux.

C.3.1 " La croissance est nécessaire " pour satisfaire les besoins des hommes ! Affirmation démentie par les faits : le monde actuel connaît, à ce que disent les économistes, une croissance moyenne de 5% l'an, or le nombre d'êtres humains dont les besoins les plus élémentaires ne sont pas satisfaits ne cesse de croître. Il y a confusion entre besoins et désirs, entre croissance (financière) et développement.

C. 3.2. ce § exprime bien les contradictions en jeu : notre modèle de croissance hérité du 19e siècle ne peut durer, mais d'un autre côté vous posez que c'est une étape par laquelle les pays du Sud doivent passer ! Quel grand défi les pays du Nord doivent-ils se fixer ?

C.3.3.1 Le réchauffement de la planète est un risque important pour l'avenir de l'humanité, mais il n'est pas le seul. Vous signalez l'épuisement des ressources naturelles au § suivant, mais il y a aussi l'empoisonnement par les déchets industriels - y compris les déchets radioactifs - et la bombe P qu'on a peut-être trop vite évacué. Il y a aussi la montée de toutes les formes de violences et de barbaries amplifiées à un degré jamais atteint par… les progrès techniques ! Le rapport Stern peut amener les multinationales et les financiers internationaux à rectifier quelque peu leurs actions - encore que ces rectifications peuvent très bien ne faire que déplacer les problèmes (comme miser sur le nucléaire pour remplacer les énergies fossiles). L'engouement pour le " pétrole vert " est un exemple criant des déviations pernicieuses. Quant à se focaliser sur le CO2, c'est négliger des gaz beaucoup plus actifs dans l'effet de serre, comme le méthane, par exemple.

C.3.4 " le capitalisme sait s'adapter et discerner les marchés d'avenir " : oui, ce qui n'est pas rassurant en soi. Vous citez AREVA : n'est-ce pas ce groupe qui doit vendre une centrale nucléaire pour dessaler l'eau à un pays (la Libye) qui pourrait utiliser efficacement l'énergie solaire ? Le " vice " du capitalisme est de viser exclusivement le profit (le plus grand et le plus rapide) et non la satisfaction des besoins humains.

C.3.5 Que le marché des services soit en pleine expansion dans les pays de vieille industrie n'entraîne pas un ralentissement de la production d'objets industriels. Bien au contraire : il y a simplement déplacement notamment vers des pays comme la Chine et l'Inde pour le plus grand profit des " capitalistes " (occidentaux et orientaux).

C.3.6. Je ne sui spas sûr que, dans les pays du Nord, " la demande s'oriente de plus en plus vers les activités de service qui contribuent tant à l'amélioration de la qualité de vie. " A voir la " fièvre acheteuse " qui explose sur les écrans plasma et autres consoles de jeux, on peut s'interroger sur l'évolution des désirs de nos concitoyens. Effectivement, ils consomment autrement que ne le faisaient nos parents : mais est-ce mieux ? Y a-t-il progrès du qualitatif par rapport au quantitatif ?

otre conclusion qui, à l'instar de Sarkozy, évoque - ou invoque - l'avènement d'une " Renaissance " me semble un peu … naïve. " L'économie de la connaissance " est souvent invoquée : mais de quoi s'agit-il ? L'idée d'un " capitalisme cognitif " est pour le moins ambiguë : effectivement, un marché de la connaissance tend à se développer. Je rappelle le documentaire datant d'une dizaine d'années, " le cartable de Big Brother " qui faisait état des projets de l'E.R.T. en matière de formation à distance. Récemment, dans un garage Citroën, j'ai lu un " message interne " qui invitait les commerciaux à se former (chez eux, bien sûr), à l'aide d'un programme Nemo sur un site Internet de l'entreprise. Rien n'y manquait, pas même l'évaluation sur ce site qui permettait de valider la formation. L'ERT continue bien à développer ses projets " d'éducation du berceau à la tombe " pour le plus grand profit des multinationales dont elle est une émanation. Non, l'histoire de l'humanité n'a jamais connu une période comparable à la nôtre. A aucun point de vue. Bien sûr, le pire n'est jamais sûr …

Georges HERVE - 21 décembre 2007>>

<<ASPECT SOCIETAL DU « DEVELOPPEMENT DURABLE - Place de l'Humain. Le « développent durable » s'appuie sur trois piliers : économique, environnental et sociétal. Car rien n'est faisable sans l'Humain ! Et, c'est dans cette logique, que lorsque les partenaires sociaux sont invités à s'exprimer sur des sujets comme la mixité dans l'entreprise et la place des femmes ou bien la conciliation des temps de vie, ce n'est pas au Ministère du Travail qu'ils se rendent, mais à celui du Développement durable ! Détaillons quelque peu. - Constat du déséquilibre. A ce jour, persiste toujours un écart de 25% entre le salaire moyen des hommes et celui des femmes. S'il faut être positif, alors soulignons que cela est infiniment mieux que dans les années 60 où cette différence flirtait avec les 50% ! Est-ce pour autant satisfaisant ? Bien évidemment non ! Est lié à cet aspect financier du déséquilibre, la ségrégation pratiquée dans l'attribution de responsabilités : d'une manière plus ou moins consciente, les différents acteurs de la vie professionnelle -tant masculins que féminins, du postulant à un poste au décideur- ont encore tendance à spécialiser le rôle social de l'homme et de la femme au détriment du potentiel de l'individu, quelque soit son sexe. Ce frein à l'égalité génère un « plafond de verre », un « plancher collant » qui empêche les femmes d'accéder en plus grand nombre à des postes de direction : L'exercice du pouvoir reste un apanage masculin. Hommes et femmes ne sont pas en égalité dans l'entreprise : Plusieurs enfants, c'est plutôt favorable à la carrière d'un homme, et défavorable à celle d'une femme. C'est ce qui appelé la « notion de l'escalier inversé ». - Une explication culturelle. Ne nous voilons pas la face, la phallocratie y est pour beaucoup. En effet, à qui les lois -faites historiquement par les hommes- n'ont-elles régulièrement reconnu qu'une citoyenneté de second rang sinon aux femmes ? Sans s'y étendre, il fallait mentionner ce travers. Cela étant fait, arrêtons nous sur un autre aspect. Dans le cadre d'une société agricole, la répartition des tâches s'effectuait pour beaucoup sur base de la force physique : les hommes aux labours, à la forge, etc., les femmes -qui alors travaillaient toutes- s'occupant des animaux plus petits de la « basse-cour », de la préparation des repas nombreux car en ces temps, les ouvriers agricoles l'étaient également, sans oublier l'entretien des vêtements pourtant appropriés à des travaux difficiles dans les champs. La notion alors très forte d' « habits du dimanche » illustre, en creux, cette réalité d'une autre époque. Autre époque car la « révolution industrielle » est apparue et avec elle l'exode rural. Mais les mentalités sont restées. Et les femmes se sont retrouvées en ville trop souvent « enfermées dans la cuisine ». Bien sur, elles sont entrées dans ce qui est appelé « le monde du travail », parfois par la force de circonstances dramatiques, comme dans le contexte du premier conflit mondial, mais souvent aussi par une volonté active et positive d'émancipation comme la revendication du droit à l'éducation et du droit de vote pour n'en citer que deux. Aujourd'hui, fort heureusement, plus personne ne taxe de « mauvaise mère » celle qui travaille, ce qui reviendrait à transformer la maternité en piège, et rares sont ceux qui osent encore professer que les femmes devraient rester « à la maison ». Il est admis dans la culture française que les femmes sortent de la sphère du privé. Pourtant, l'écart de salaire indiqué dans les premières lignes de cet article illustre qu'encore aujourd'hui, les femmes sont considérées comme une force d'appoint et non comme un véritable moteur de l'économie. Il faut en conséquences accepter de revisiter les rôles de l'homme et de la femme : l'homme doit prendre plus de place dans la famille, aux femmes de l'accepter et, conséquence logique, la leur évoluera dans l'entreprise. - L'équilibre visé. Le vocable « équilibre » nous vient du latin libra qui signifie balance. Il faut donc comprendre « forces égales » ou « égalité de forces ». En d'autres termes, il s'agit de casser la marginalisation dont les femmes font l'objet, sans pourtant jouer la carte de l'opposition, et encore moins de la guerre des sexes car cet objectif ne pourra être atteint qu'avec les hommes et non pas contre eux. Sans oublier les métiers où se sont ces derniers qui, sans raisons objectivement défendables, sont minoritaires. Il faut donc favoriser une plus grande mixité, dans les différentes branches professionnelles, comme dans la hiérarchie. « L'équilibre visé » disions-nous il y a quelques instants. Mais il faut parler au pluriel car un autre équilibre est aussi dans le viseur : la conciliation des temps de vie. Manquer d'équilibre en favorisant sa « carrière » au détriment de sa famille revient à risquer la pérennité de celle-ci : pour favoriser la conciliation de ces deux pôles indispensables à la réalisation et à l'épanouissement de soi, les solutions existent : création, de crèches interentreprises, de services de garde d'enfants malades, de repassage, d'horaires individualisés. Tout cela afin que les couples bi actifs aient à leur disposition toute une panoplie d'outils facilitateurs qui doivent se révéler comme étant de véritables passerelles reliant deux mondes qui ne sont pas antinomiques : vie professionnelle et vie familiale. Pour la femme, comme pour l'homme ! - Concrètement. Comment dépasser le stade des « voux pieux », des paroles sans lendemain, des intentions qui restent lettres mortes ? Comment ouvrer pour obtenir autre chose qu'un équilibre instable ou un équilibre précaire, ce qui serait pour le moins renversant ? Ou comment passer des actions sporadiques à l'enracinement de l'égalité professionnelle dans le quotidien de l'entreprise ? Il nous est possible, par un changement de culture, de faire évoluer les mentalités. A commencer par la notre (croyons nous qu'au féminin « il regarde assis dans le salon la télévision » se dit « elle fait debout dans la cuisine la vaisselle » ?). La concrétisation visée ne se fera pas non plus contre les employeurs mais avec eux, dans une perspective de dialogue, par la mise en place d'une communication visant à ce que ceux-ci demandent le « Label Egalité Professionnelle » AFAQ/AFNOR Et il est préférable de parler mixité plutôt que parité car il serait regrettable que des quotas écartent des compétences. Si ce qui est ambitionné ici semble irréaliste, il faut se remémorer qu'une des leçon apportée par l'Histoire est que « l'utopie d'aujourd'hui est la réalité de demain ». - Pour conclure. La LIBERTE de l'Humain passe par une EGALITE de droits pour les deux entités qui le compose. Et seule cette égalité, en excluant tout apartheid, permet une pleine FRATERNITE des sexes. « Rester à la maison » est respectable et doit être respecté. Si c'est un choix éclairé et partagé. « Travailler » est respectable et doit être respecté. Si c'est un choix éclairé et partagé. Et dans des conditions juridiquement identiques avec des chances qui le sont donc également !>> Didier

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