Cette
première enquête révèle
d'emblée deux surprises par rapport aux
idées communément reçues
concernant la place réelle de la
psychothérapie et de la psychanalyse dans
notre société ; elle confirme par
ailleurs un grand besoin
d'information. 1.
Malgré le battage médiatique, les "
psys " sont loin d'avoir " envahi la France " : 1,7
% seulement de la population est en
psychothérapie aujourd'hui ! On verra plus
loin que ce faible pourcentage par rapport aux pays
voisins n'est pas, pour autant,
négligeable. 2. La
psychanalyse classique (plusieurs séances
par semaine sur divan, pendant plusieurs
années) ne concerne que 12 % des patients
actuels. On peut ajouter les 18 % de personnes qui
disent avoir pratiqué une
psychothérapie d'inspiration psychanalytique
(ou " PIP " ) en face à face - souvent
brève et plus légère (un tiers
de ces thérapies de soutien ont duré
moins d'un an), soit un total de 30 %
déclarant avoir fait une analyse ; Par
conséquent, il reste 70 % des
psychothérapies qui ne sont pas analytiques
: o 20 %
sont des thérapies comportementales
(centrées sur le symptôme)
; o 12 %
sont explicitement des " nouvelles "
thérapies dites " humanistes ou
existentielles ", prenant en compte la
personne globale, dans ses dimensions
corporelles, émotionnelles,
cognitives, sociales et spirituelles
(Gestalt-thérapie, analyse
transactionnelle, hypnose ericksonienne,
PNL thérapeutique, thérapies
psychocorporelles, etc.) ; o 12 %
sont présentées par les
personnes interrogées comme des "
thérapies familiales " ou de
couple. Nous verrons tout à l'heure
qu'il n'en est rien ! o 26 %
sont des thérapies mal
définies par le public
bénéficiaire( qui les
décrit, sans les
nommer). 3. En
fait, la population générale reste
très mal informée. Quelques exemples
flagrants : o 41 % des
patients ignorent en réalité
la méthode utilisée par leur
thérapeute, et 59 % de ceux qui
sont en analyse, ignorent
l'obédience de leur psychanalyste
(freudienne, lacanienne, jungienne,
kleinienne) ; o parmi
ceux qui pensent suivre une "
thérapie de couple " ou une "
thérapie familiale ", seuls 50 % se
rendent à leurs séances avec
leur partenaire ou avec des membres de
leur famille ! Le simple fait de parler de
leur conjoint ou de leur famille semble
leur faire considérer qu'ils font
une thérapie " de couple " ou une
thérapie " familiale ", puisque
cette thérapie améliore les
relations de couple ou l'équilibre
familial. o les
patients confondent encore les
différentes catégories de "
psys " : psychiatre, psychologue,
psychanalyste et psychothérapeute :
le fait d'avoir un entretien d'un quart
d'heure avec le psychiatre à
l'occasion de la prescription d'un
traitement chimiothérapique est
considéré par beaucoup comme
une " psychothérapie ". 4 . On est
frappé de constater que parmi la population
générale, la moitié des
clients sont suivis par un psychiatre et prennent
des médicaments psychotropes , tandis que
leurs " séances " durent d'un quart d'heure
à une demi-heure, de une à deux fois
par mois, pendant six mois à un an , au
tarif habituel des consultations psychiatriques
(les 3/4 des clients paient moins de 300 F ). On
sait que la France est largement " championne du
monde " de consommation de psychotropes : les
médecins français prescrivent trois
fois plus de " médicaments de l'âme "
que leurs voisins allemands ou anglais, et deux
fois plus que leurs collègues
italiens...... 1,7 % des
47 520 000 Français de plus de 15
ans sont donc en cours de
psychothérapie : ce pourcentage est
faible - notamment par rapport aux pays
voisins (Allemagne, Autriche,
Grande-Bretagne, Italie
sans parler
des États-Unis). Il
représente cependant un nombre non
négligeable de 800 000 patients
ou clients - voire un million, lorsqu'on
prend en compte les enfants de moins de 15
ans, non inclus dans
l'enquête. Si l'on
considère qu'un thérapeute suit en
moyenne de 50 à 70 patients/clients par an
(en thérapie individuelle ou de groupe,
brève ou longue), cela représente de
10 000 à 15 000 psychothérapeutes
en fonction - ce qui recoupe les estimations
françaises habituelles. Si l'on admet
que les besoins réels d'accompagnement
psychothérapeutique dépassent
très largement les 1,7 % actuellement
assurés, il faudrait doubler, voire tripler,
le nombre de psychothérapeutes
professionnels qualifiés actuels.
Si l'on additionne les 3,5 % de
notre enquête qui déclarent
avoir suivi une psychothérapie dans
le passé, on obtient un total de
5,2 % de la population , soit 2,5 millions
de personnes - auxquelles il convient
d'ajouter les enfants et jeunes
adolescents. Ainsi au total, plus de 3
millions de Français suivent - ou
ont suivi - une
psychothérapie.
Considérant que l'impact d'une
psychothérapie touche directement les
proches (conjoint, parents, enfants), on voit de
suite qu'en réalité, la
psychothérapie concerne, plus ou moins
directement, près de huit millions de
Français....... Sept ans de
formation pour les
psychothérapeutes
La Fédération Française
de Psychothérapie - et d'autres groupements
professionnels - réclament des pouvoirs
publics un contrôle du titre et de l'exercice
de la profession, conformes aux normes de
l'Association Européenne de
Psychothérapie, soit une formation de niveau
bac + 7, comprenant six éléments
indissociables : * une
psychothérapie personnelle
approfondie ; * 3 ans
au moins dans une branche des sciences
humaines (médecine, psychologie,
travail social, soins infirmiers,
enseignement, etc.) ; * une
formation spécifique
théorique, technique et pratique,
de 4 années à l'une des
vingt méthodes principales,
reconnues au niveau européen comme
scientifiques ; * une
supervision régulière de la
pratique clinique ; * un
engagement à respecter strictement
le code de déontologie
; * une
reconnaissance par une commission
nationale de pairs.
Une telle formation complète peut
être notamment sanctionnée par le
Certificat Européen de
Psychothérapie (CEP),
délivré par l'EAP, en concertation
avec la Commission de Bruxelles (le Gouvernement
européen) et visant notamment à
favoriser la libre circulation des
spécialistes au sein de l'Union
européenne.
Une réglementation réaliste de
la profession de psychothérapeute,
contrôlée par l'État, les
fédérations et les syndicats,
permettra d'assurer aux clients
bénéficiaires la garantie d'un
accompagnement de qualité. Elle devrait, de
plus, contribuer à réduire la
consommation et le coût des prescriptions
médicamenteuses.
Cette enquête aura ainsi
confirmé à la fois l'importance des
besoins, l'efficacité de la
psychothérapie et son impact dans
l'économie nationale de la Santé ;
mais elle souligne avant tout l'urgent besoin
d'une information large et objective du
public.
Réaction
<<Entièrement
daccord avec les conclusions de cette
enquète.>>