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Une enquète sur les psychothérapies

Serge Ginger

L'Institut de sondage BVA a interrogé par téléphone, de janvier à mars 2001, un échantillon de 8 069 adultes (de 15 ans et plus), échantillon représentatif de la population française, sélectionné selon la méthode dite " des quotas "

             Cette première enquête révèle d'emblée deux surprises par rapport aux idées communément reçues concernant la place réelle de la psychothérapie et de la psychanalyse dans notre société ; elle confirme par ailleurs un grand besoin d'information.

 1. Malgré le battage médiatique, les " psys " sont loin d'avoir " envahi la France " : 1,7 % seulement de la population est en psychothérapie aujourd'hui ! On verra plus loin que ce faible pourcentage par rapport aux pays voisins n'est pas, pour autant, négligeable.

 2. La psychanalyse classique (plusieurs séances par semaine sur divan, pendant plusieurs années) ne concerne que 12 % des patients actuels. On peut ajouter les 18 % de personnes qui disent avoir pratiqué une psychothérapie d'inspiration psychanalytique (ou " PIP " ) en face à face - souvent brève et plus légère (un tiers de ces thérapies de soutien ont duré moins d'un an), soit un total de 30 % déclarant avoir fait une analyse ; Par conséquent, il reste 70 % des psychothérapies qui ne sont pas analytiques :

o 20 % sont des thérapies comportementales (centrées sur le symptôme) ;

o 12 % sont explicitement des " nouvelles " thérapies dites " humanistes ou existentielles ", prenant en compte la personne globale, dans ses dimensions corporelles, émotionnelles, cognitives, sociales et spirituelles (Gestalt-thérapie, analyse transactionnelle, hypnose ericksonienne, PNL thérapeutique, thérapies psychocorporelles, etc.) ;

o 12 % sont présentées par les personnes interrogées comme des " thérapies familiales " ou de couple. Nous verrons tout à l'heure qu'il n'en est rien !

o 26 % sont des thérapies mal définies par le public bénéficiaire( qui les décrit, sans les nommer).

 3. En fait, la population générale reste très mal informée. Quelques exemples flagrants :

 

o 41 % des patients ignorent en réalité la méthode utilisée par leur thérapeute, et 59 % de ceux qui sont en analyse, ignorent l'obédience de leur psychanalyste (freudienne, lacanienne, jungienne, kleinienne) ;

o parmi ceux qui pensent suivre une " thérapie de couple " ou une " thérapie familiale ", seuls 50 % se rendent à leurs séances avec leur partenaire ou avec des membres de leur famille ! Le simple fait de parler de leur conjoint ou de leur famille semble leur faire considérer qu'ils font une thérapie " de couple " ou une thérapie " familiale ", puisque cette thérapie améliore les relations de couple ou l'équilibre familial.

o les patients confondent encore les différentes catégories de " psys " : psychiatre, psychologue, psychanalyste et psychothérapeute : le fait d'avoir un entretien d'un quart d'heure avec le psychiatre à l'occasion de la prescription d'un traitement chimiothérapique est considéré par beaucoup comme une " psychothérapie ".

4 . On est frappé de constater que parmi la population générale, la moitié des clients sont suivis par un psychiatre et prennent des médicaments psychotropes , tandis que leurs " séances " durent d'un quart d'heure à une demi-heure, de une à deux fois par mois, pendant six mois à un an , au tarif habituel des consultations psychiatriques (les 3/4 des clients paient moins de 300 F ). On sait que la France est largement " championne du monde " de consommation de psychotropes : les médecins français prescrivent trois fois plus de " médicaments de l'âme " que leurs voisins allemands ou anglais, et deux fois plus que leurs collègues italiens......

 

1,7 % des 47 520 000 Français de plus de 15 ans sont donc en cours de psychothérapie : ce pourcentage est faible - notamment par rapport aux pays voisins (Allemagne, Autriche, Grande-Bretagne, Italie… sans parler des États-Unis).

Il représente cependant un nombre non négligeable de 800 000 patients ou clients - voire un million, lorsqu'on prend en compte les enfants de moins de 15 ans, non inclus dans l'enquête.

 Si l'on considère qu'un thérapeute suit en moyenne de 50 à 70 patients/clients par an (en thérapie individuelle ou de groupe, brève ou longue), cela représente de 10 000 à 15 000 psychothérapeutes en fonction - ce qui recoupe les estimations françaises habituelles.

 Si l'on admet que les besoins réels d'accompagnement psychothérapeutique dépassent très largement les 1,7 % actuellement assurés, il faudrait doubler, voire tripler, le nombre de psychothérapeutes professionnels qualifiés actuels.

 

             Si l'on additionne les 3,5 % de notre enquête qui déclarent avoir suivi une psychothérapie dans le passé, on obtient un total de 5,2 % de la population , soit 2,5 millions de personnes - auxquelles il convient d'ajouter les enfants et jeunes adolescents. Ainsi au total, plus de 3 millions de Français suivent - ou ont suivi - une psychothérapie.

             Considérant que l'impact d'une psychothérapie touche directement les proches (conjoint, parents, enfants), on voit de suite qu'en réalité, la psychothérapie concerne, plus ou moins directement, près de huit millions de Français.......

 

Sept ans de formation pour les psychothérapeutes

             La Fédération Française de Psychothérapie - et d'autres groupements professionnels - réclament des pouvoirs publics un contrôle du titre et de l'exercice de la profession, conformes aux normes de l'Association Européenne de Psychothérapie, soit une formation de niveau bac + 7, comprenant six éléments indissociables :

 

* une psychothérapie personnelle approfondie ;

* 3 ans au moins dans une branche des sciences humaines (médecine, psychologie, travail social, soins infirmiers, enseignement, etc.) ;

* une formation spécifique théorique, technique et pratique, de 4 années à l'une des vingt méthodes principales, reconnues au niveau européen comme scientifiques ;

* une supervision régulière de la pratique clinique ;

* un engagement à respecter strictement le code de déontologie ;

* une reconnaissance par une commission nationale de pairs.

 

             Une telle formation complète peut être notamment sanctionnée par le Certificat Européen de Psychothérapie (CEP), délivré par l'EAP, en concertation avec la Commission de Bruxelles (le Gouvernement européen) et visant notamment à favoriser la libre circulation des spécialistes au sein de l'Union européenne.

             Une réglementation réaliste de la profession de psychothérapeute, contrôlée par l'État, les fédérations et les syndicats, permettra d'assurer aux clients bénéficiaires la garantie d'un accompagnement de qualité. Elle devrait, de plus, contribuer à réduire la consommation et le coût des prescriptions médicamenteuses.

             Cette enquête aura ainsi confirmé à la fois l'importance des besoins, l'efficacité de la psychothérapie et son impact dans l'économie nationale de la Santé ; mais elle souligne avant tout l'urgent besoin d'une information large et objective du public.

http://www.sergeginger.net

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<<Entièrement d’accord avec les conclusions de cette enquète.>>
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