Le Réseau
Ethique et Pédagogie affirme dans son
texte de référence (Texte
fédérateur pour une école
éthique Mai 2000) sa volonté de "
changer l'école " tant du point de vue des
pratiques pédagogiques que du fonctionnement
des établissements et au delà, de
l'institution en général.
Une telle
volonté anime bien des groupes qui
réfléchissent aux questions
liées à l'école et l'approche
du Réseau Ethique et Pédagogie
converge avec celle de groupes amis avec lesquels
nous travaillons. Au sein de ce mouvement qui vise
à bâtir une école plus humaine,
le Réseau Ethique et Pédagogie a une
approche qui lui est propre.
Nous savons bien
que l'école, en tant que collectif, ne va
pas bien...
Il ne s'agit pas de
noircir le tableau mais de reconnaître les
malaises et les dysfontionnements très
fréquents. Evoquons simplement ces classes
traversées par l'ennui, par des tensions
diverses allant jusqu'à la violence, ces
établissements scolaires?ghettos que les
parents d'élèves cherchent à
éviter, rappelons le gouffre qui existe la
plupart du temps entre les textes officiels et la
réalité du terrain, entre les besoins
des élèves et la façon dont
les enseignants mettent en oeuvre leurs missions,
le temps perdu entre l'émergence d'un
problème et l'ébauche d'une solution.
Tout cela pour souligner combien il est devenu
indispensable de transformer le fonctionnement de
ces structures collectives, que ce soit le
groupe?classe, l'établissement scolaire ou
l'institution pyramidale qui administre l'ensemble
du système.
Et si nous
regardions du côté des acteurs...
?
Dans la liste fort
longue des raisons qui bloquent un changement
souhaitable et nécessaire, celles qui
touchent aux acteurs nous interpellent
particulièrement. Là encore, nous
pointons un climat, un état d'esprit qui
prévaut trop souvent. On connaît les
effets stérilisants de l'inertie, la
frilosité, le conformisme, le manque
d'intérêt, la rigidité, quand
ce n'est pas le comportement pathologique de tel ou
tel acteur. Le mal?être dans l'école
est perceptible à tous niveaux. L'amertume,
l'incompréhension, le découragement,
le sentiment d'être méprisé
sont trop souvent le lot aussi bien
d'élèves, de parents, que de membres
du personnel. Si l'on veut prendre le
problème à la base, il nous
paraît qu'il faut s'interroger sur ces
acteurs à la fois verrous et moteurs du
changement.
Entrons dans le
problème : si changer l'école
c'était d'abord changer les acteurs en
profondeur ?
Les
problèmes que nous évoquons : climat,
malaise, souffrance, ne peuvent être
abordés et encore moins résolus, par
des changements relatifs aux contenus ou aux
méthodes d'apprentissage. La question qui se
pose est celle du changement du " moral " des
acteurs, de leurs convictions, de leur regard sur
l'autre. Autrement dit un changement qui touche "
la personne " dans sa dimension profonde, au
delà des fonctions et des rôles qui
caractérisent les différents
acteurs.
Autant dire un
changement qui ne se décrète pas, ni
pour soi même ni pour l'autre, encore moins.
Mais affirmer que ce changement est possible n'est
pas irréaliste. Chacun a fait
l'expérience de changements parfois
importants dans sa propre vie. De même chacun
sait qu'il est capable d'opérer, si besoin,
de nouveaux changements.
Or, quand " la
personne " change, la façon dont l'acteur
agit sur le monde change. Les relations qui
s'établissent entre les acteurs au sein des
groupes changent. L'état d'esprit, le climat
des collectifs change également. Ainsi
émerge l'idée que pour changer
l'école, il faut d'abord que se
réalise le changement des acteurs, dans la
dimension profonde de " la personne ".
Mais comment
change " la personne " ?
Le changement de "
la personne " procède d'une alchimie subtile
et complexe que nous ne prétendons pas
connaître mais dont nous pressentons qu'elle
mobilise des champs multiples tels que
l'identité, les affects, l'inconscient, les
valeurs, de telle sorte qu'à moment
donné une configuration nouvelle, le
changement, fait sens pour la personne et
s'impose.
Parmi ces champs
multiples, le Réseau Ethique et
Pédagogie accorde une importance
particulière à la question des
valeurs et au partage de celles?ci. Nous pensons
que le respect dû à la personne est
une valeur essentielle parce qu'elle fonde "
l'humain de l'homme ". Nous avons la conviction que
le respect change " la personne " tant
soi?même que l'autre. En effet, respecter
l'autre, c'est accepter de se changer
soi?même, c'est aussi faire en sorte que
l'autre, se sentant reconnu dans sa dignité,
change également. Respecter l'autre c'est
donc ouvrir la voie à des changements
profonds.
Et si l'on
s'appuyait sur le respect de " la personne " pour
changer l'école ?
Pour changer
l'école, plaçons " la personne au
centre ", accordons lui, qu'il s'agisse de
l'élève ou de l'adulte, le respect
qui lui est dû et découvrons les
changements que cette approche induit. Les acteurs
entrent en effet dans un processus très
impliquant où de façon sans cesse
renouvelée ils questionnent le quotidien et
la façon dont ils agissent. Leur
capacité à se remettre en cause,
nourrit la démarche. Leur questionnement les
amène à dire individuellement et
collectivement l'école qu'ils veulent, et
les moyens qu'ils se donnent pour la construire
ensemble. Alors, et alors seulement, l'école
peut " faire sens " pour eux...
C'est dans le sens
partagé que se source
l'épanouissement, l'optimisme, l'allant, la
motivation, le plaisir, qui manquent si cruellement
dans l'école en crise d'aujourd'hui. C'est
ce qui fait du respect un moteur puissant pour un
changement de l'école en
profondeur!
Alors, on se
prend à rêver d'une école
éthique...
Une
école où l'institution fait
confiance au terrain, riche de tous les
savoirs liés à
l'expérience, et avec lequel elle
établit des liens
contractuels.
Une
école où les acteurs
investissent leurs espaces d'autonomie
pour trouver par eux?mêmes les
réponses les mieux adaptées
aux problèmes.
Une
école ou la question de
l'exemplarité de l'adulte ou du
supérieur est une
préoccupation constante.
Une
école de l'authenticité,
bien loin du mépris, de la langue
de bois, ou de la logique du pas de
vague.
Une
école de la responsabilité
où l'infantilisation des acteurs,
adultes comme élèves, est
bannie.
Une
école où prévaut
l'idée d'une déontologie
professionnelle, ce qui est
l'opposé de la faiblesse ou de la
démagogie.
Une
école qui ouvre des espaces de
paroles à différents niveaux
afin que la parole soit accueillie et
écoutée et les
problèmes
exprimés.
Une
école où la loi et son
application effective ont toute leur place
parce que la parole ne peut pas tout
résoudre
Une
école où l'on cherche des
réponses qui prennent en compte la
personne celle de l'élève et
celle de l'adulte.
Une
école dans laquelle il n'y a ni
structure, ni méthode miracle mais
la recherche pragmatique et constante de
solutions pertinentes.
Une
école qui met en musique la
diversité, orchestre la
complexité.
Une
école ouverte au changement et
où se remettre en cause est aussi
naturel et bienfaisant que respirer une
bouffée d'air frais
Une
école plus humaine qui cherche
l'épanouissement des
élèves et développe
la coopération en lieu et place de
la compétition.
Une
école où les acteurs
s'autorisent à questionner le
quotidien, réfléchissent par
eux?mêmes dans une démarche
sans cesse renouvelée.
Une
école qui fait sens et apporte sa
pierre à la construction d'un monde
plus juste et plus fraternel.
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Oui, avec le
Réseau Ethique et Pédagogie, l'utopie
s'invite au débat... Sans complexe. Le
XXème siècle n'a pas
été tendre avec l'utopie, mais nous
sommes au début du troisième
millénaire et nous pensons qu'il est grand
temps de laisser à l'imagination sociale sa
dimension constitutive de la vie en commun. Vous
dites que le quidam triste qui passe hausse les
épaules et sourit avec condescendance... ?
Dommage pour lui... il ne doit pas savoir qu'au
delà des grilles de l'école et des
barrières de l'esprit, s'étendent les
terres fertiles de l'utopie des possibles, qu'elles
sont passionnantes à explorer.
Généreuses et vivifiantes aussi, pour
tous ceux qui pensent qu'il vaut mieux " imaginer
le futur que le subir " et aiment s'y
aventurer.
Lydiev2000âyahoo.fr
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