<<Comme
toutes les institutions, l'École de
la République est aujourd'hui
gravement déstabilisée par
la casse du symbolique produite par la
mondialisation néolibérale.
Les symptômes de la crise, violence,
illettrisme, exclusion, sont
désormais irréductibles
à la seule reproduction sociale,
mais traduisent un malaise structurel dont
l'importance anthropologique ne saurait
être méconnue.
L'errance
pédagogique de ces dernières
années a profondément
déstabilisé
l'identité professionnelle des
enseignants et pose radicalement la
question du sens de la
professionnalisation visée par leur
formation.
Par
ailleurs, les personnels formateurs, dans
leur pluralité de statuts et
d'expériences, représentent
un énorme potentiel de
compétences, et l'immense
majorité d'entre eux est
prête à s'engager dans les
nécessaires réformes, tout
en refusant légitimement de
renoncer à l'idéal
laïque et
républicain.
La
méconnaissance systématique
de l'inconscient, du groupe et de la
dimension institutionnelle, l'absence de
toute formation à la
réalité relationnelle de la
pédagogie, et le manque de soutien
à l'analyse et à
l'élaboration de la pratique,
laissent les jeunes professionnels
démunis face à la
réalité de la
groupalité scolaire et des
interactions dans la classe, comme
à leurs obligations statutaires de
travailler en équipe et de
dialoguer avec les
familles.
Rendre
à la pédagogie sa dimension
clinique déniée est une
tâche urgente pour donner sens et
effectivité à la formation
des enseignants et combattre, autant que
faire se peut, le malaise dans la
civilisation.
Dans
cette perspective, on trouvera ici
rassemblées les expériences,
les réflexions et les
théorisations de formateurs
d'enseignants qui, dans l'institution ou
à ses marges, inscrivent au coeur
de leur pratique, la volonté et le
souci de ne pas réduire la
professionnalisation à
l'apprentissage de méthodologies
opératoires.>>
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