<<A la fin
d'une année marquée par le vote de la
loi d'orientation sur l'avenir de
l'école
je vous dois quelques
explications et clarifications, quelques
éléments, aussi, sur l'avenir de
l'IUFM et j'y ajouterai quelques
éléments sur mes propres
projets
1) La loi est
votée. Nous en prenons acte.
2) Il y a un
moratoire sur les décrets d'application
concernant certaines dispositions
controversées
3) Mais
l'intégration des IUFM dans
l'université ne nécessite pas de
décret d'application national ; elle
s'effectuera au cas par cas par décisions
successives du ministre après que le dossier
ait été préparé par les
recteurs concernés.
4) Le ministre a
cependant déclaré aux organisations
syndicales vouloir établir un calendrier
afin d'éviter les intégrations
précipitées. Il semble, de plus, que
la Direction de l'enseignement supérieur
soit en train d'élaborer les
éléments d'un cadrage national. La
question sera peut-être abordée
officiellement, pour la première fois depuis
le vote de la loi, au Conseil supérieur de
l'Education, le 7 juillet.
5) Quoi qu'il en
soit, et quels que soient les délais,
l'évolution vers l'intégration est
inévitable. Elle est engagée, si ce
n'est dans les faits du moins dans les
esprits.
6) D'ores et
déjà, un nombre important
d'indicateurs montrent que les IUFM, et le
nôtre en particulier, sont en phase de
dissolution institutionnelle: nous apprenons de
nombreuses décisions nous concernant
directement par des voies détournées
(ce sont les stagiaires eux-mêmes qui nous
informent qu'ils sont réquisitionnés
par un inspecteur général et
dispensés d'une partie de leur formation ou
même qui nous apprennent que, d'après
les contacts qu'ils ont eu avec le
ministère, les redoublements dans une autre
académie sont devenus impossibles)
Localement, l'IUFM voit ses prérogatives
diminuer d'année en année et n'est
pas vraiment associé à la
réflexion sur son propre avenir.
Malgré les efforts et la cordialité
d'un certain nombre de partenaires, malgré
l'estime dans laquelle est tenue notre travail, il
m'arrive parfois de me demander si je ne deviens
pas progressivement capitaine d'un vaisseau
fantôme
7)
L'intégration de l'IUFM dans une
université n'est pas, en elle-même,
une mauvaise chose (mastère).
8) Elle est
néanmoins objet de préoccupations
:
a. Pour des raisons
liées aux soubresauts inévitables
pour les personnels,
b. Pour des raisons
techniques.
c. Pour l'avenir de
la formation par alternance.
9) Comment se pose
la question aujourd'hui ? Le ministre a
affirmé sa volonté de ne pas
brutaliser les choses et de travailler au cahier
des charges, maintenant promis pour mars 2006. La
direction de l'Enseignement supérieur
souligne la nécessité de bien
explorer les problèmes dans toutes leurs
dimensions. Le Recteur de l'Académie de Lyon
a dit, à plusieurs reprises, que rien
n'était verrouillé
Autant de
raisons de ne pas être trop pessimistes.
Reste néanmoins que :
a.
L'intégration des IUFM dans les
universités n'a pas besoin de décret
d'application ; seront pris autant de
décrets d'intégration qu'il y a
d'IUFM : aucun obstacle objectif technique ou
administratif n'empêche ces décrets
d'être pris très vite, en fonction des
circonstances dans les différentes
académies.
b. Il existe une
sorte de " pente naturelle " qui peut
s'avérer plus forte que toutes nos
velléités de résistance
:
i. le transfert aux
universités des préparations aux
concours (les universités les revendiquent
et y sont préparées, pour
l'essentiel, malgré leur inexpérience
sur le CRPE, les CAPLP, les CPE
) ;
ii. le transfert
aux autorités académiques de
l'année de stage
iii. ou, la
dislocation de l'année de stage et la
séparation radicale entre des stages
gérés et évalués par
les autorités académiques et des "
compléments de formation " fournies par les
futurs IUFM intégrés.
iv. le
décrochage entre premier et second
degré, lisible dans les attributions des
conseillers du cabinet.
v. Cette
évolution pourrait être
encouragée par la LOLF
vi. Ce qui est
à craindre n'est pas l'intégration
des IUFM, mais leur désintégration.
10) Dans ces
conditions, notre intégration se fera
d'autant mieux que nous serons plus forts, reconnus
pour notre expertise et capables de faire entendre
notre voix (et tracer notre voie) autrement que sur
des questions catégorielles.>>
...
<<14) Ces
efforts en interne - absolument essentiels - ne
suffiront cependant pas à assurer les
meilleures conditions de notre intégration
universitaire..
15) Je souhaite
travailler à cette intégration dans
les mois décisifs qui viennent en ayant les
coudées franches et ma liberté de
parole, tant à l'égard de nos
partenaires qu'à l'égard des
personnels de l'IUFM qui doivent être
informés de la manière dont les
choses se passent.
16) C'est pourquoi
j'ai décidé de ne pas me porter
candidat, quand le poste de directeur sera
publié en décembre prochain, à
ma propre succession. Je ne peux, à la fois,
représenter les intérêts de
l'IUFM et être en campagne pour obtenir le
vote d'un CA où les autorités
académiques et universitaires pèsent
d'un grand poids. Je ne suis pas capable,
personnellement, de rester aux commandes en cette
période de turbulence et d'être,
simultanément, en campagne pour le
renouvellement de mon mandat.
17) Cette
décision est conforme à ma conviction
selon laquelle la démocratie, pour
échapper - autant que faire se peut -
à la démagogie et à
l'électoralisme doit proscrire toute
possibilité de renouvellement des mandats.
Cette conviction est éminemment discutable,
évidemment, mais j'y tiens, même si je
comprends, bien sûr, que d'autres aient
d'autres points de vue et fassent d'autres
choix.>> ...
<<20) Cette
décision n'a pas été facile en
raison de l'attachement personnel que j'ai pour la
formation des enseignants et les personnels de cet
institut (personnel de formation, administratifs,
techniques et ouvriers).
21) Mais, soyez
assurés que :
a. Jusqu'au 21 mars
2006, je serai d'une détermination farouche
pour défendre les acquis de l'IUFM et la
qualité de la formation des
enseignants.
b. Au delà
et avec d'autres moyens, je resterai un militant
pédagogique déterminé,
convaincu que la formation des enseignants est un
enjeu fondamental pour notre société.
Je travaillerai alors ailleurs et avec d'autres
moyens aux objectifs auxquels j'aurai
travaillé avec vous pendant cinq
ans.>>
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