Quelques nouvelles des I.U.F.M.

données par Philippe Meirieu

Extraits d'un texte

PLAN DU SITE

<<A la fin d'une année marquée par le vote de la loi d'orientation sur l'avenir de l'école… je vous dois quelques explications et clarifications, quelques éléments, aussi, sur l'avenir de l'IUFM et j'y ajouterai quelques éléments sur mes propres projets…

1) La loi est votée. Nous en prenons acte.

2) Il y a un moratoire sur les décrets d'application concernant certaines dispositions controversées

3) Mais l'intégration des IUFM dans l'université ne nécessite pas de décret d'application national ; elle s'effectuera au cas par cas par décisions successives du ministre après que le dossier ait été préparé par les recteurs concernés.

4) Le ministre a cependant déclaré aux organisations syndicales vouloir établir un calendrier afin d'éviter les intégrations précipitées. Il semble, de plus, que la Direction de l'enseignement supérieur soit en train d'élaborer les éléments d'un cadrage national. La question sera peut-être abordée officiellement, pour la première fois depuis le vote de la loi, au Conseil supérieur de l'Education, le 7 juillet.

5) Quoi qu'il en soit, et quels que soient les délais, l'évolution vers l'intégration est inévitable. Elle est engagée, si ce n'est dans les faits du moins dans les esprits.

6) D'ores et déjà, un nombre important d'indicateurs montrent que les IUFM, et le nôtre en particulier, sont en phase de dissolution institutionnelle: nous apprenons de nombreuses décisions nous concernant directement par des voies détournées (ce sont les stagiaires eux-mêmes qui nous informent qu'ils sont réquisitionnés par un inspecteur général et dispensés d'une partie de leur formation ou même qui nous apprennent que, d'après les contacts qu'ils ont eu avec le ministère, les redoublements dans une autre académie sont devenus impossibles)… Localement, l'IUFM voit ses prérogatives diminuer d'année en année et n'est pas vraiment associé à la réflexion sur son propre avenir. Malgré les efforts et la cordialité d'un certain nombre de partenaires, malgré l'estime dans laquelle est tenue notre travail, il m'arrive parfois de me demander si je ne deviens pas progressivement capitaine d'un vaisseau fantôme…

7) L'intégration de l'IUFM dans une université n'est pas, en elle-même, une mauvaise chose (mastère).

8) Elle est néanmoins objet de préoccupations :

a. Pour des raisons liées aux soubresauts inévitables pour les personnels,

b. Pour des raisons techniques.

c. Pour l'avenir de la formation par alternance.

9) Comment se pose la question aujourd'hui ? Le ministre a affirmé sa volonté de ne pas brutaliser les choses et de travailler au cahier des charges, maintenant promis pour mars 2006. La direction de l'Enseignement supérieur souligne la nécessité de bien explorer les problèmes dans toutes leurs dimensions. Le Recteur de l'Académie de Lyon a dit, à plusieurs reprises, que rien n'était verrouillé… Autant de raisons de ne pas être trop pessimistes. Reste néanmoins que :

a. L'intégration des IUFM dans les universités n'a pas besoin de décret d'application ; seront pris autant de décrets d'intégration qu'il y a d'IUFM : aucun obstacle objectif technique ou administratif n'empêche ces décrets d'être pris très vite, en fonction des circonstances dans les différentes académies.

b. Il existe une sorte de " pente naturelle " qui peut s'avérer plus forte que toutes nos velléités de résistance :

i. le transfert aux universités des préparations aux concours (les universités les revendiquent et y sont préparées, pour l'essentiel, malgré leur inexpérience sur le CRPE, les CAPLP, les CPE…) ;

ii. le transfert aux autorités académiques de l'année de stage…

iii. ou, la dislocation de l'année de stage et la séparation radicale entre des stages gérés et évalués par les autorités académiques et des " compléments de formation " fournies par les futurs IUFM intégrés.

iv. le décrochage entre premier et second degré, lisible dans les attributions des conseillers du cabinet.

v. Cette évolution pourrait être encouragée par la LOLF…

vi. Ce qui est à craindre n'est pas l'intégration des IUFM, mais leur désintégration.

10) Dans ces conditions, notre intégration se fera d'autant mieux que nous serons plus forts, reconnus pour notre expertise et capables de faire entendre notre voix (et tracer notre voie) autrement que sur des questions catégorielles.>> ...

<<14) Ces efforts en interne - absolument essentiels - ne suffiront cependant pas à assurer les meilleures conditions de notre intégration universitaire..

15) Je souhaite travailler à cette intégration dans les mois décisifs qui viennent en ayant les coudées franches et ma liberté de parole, tant à l'égard de nos partenaires qu'à l'égard des personnels de l'IUFM qui doivent être informés de la manière dont les choses se passent.

16) C'est pourquoi j'ai décidé de ne pas me porter candidat, quand le poste de directeur sera publié en décembre prochain, à ma propre succession. Je ne peux, à la fois, représenter les intérêts de l'IUFM et être en campagne pour obtenir le vote d'un CA où les autorités académiques et universitaires pèsent d'un grand poids. Je ne suis pas capable, personnellement, de rester aux commandes en cette période de turbulence et d'être, simultanément, en campagne pour le renouvellement de mon mandat.

17) Cette décision est conforme à ma conviction selon laquelle la démocratie, pour échapper - autant que faire se peut - à la démagogie et à l'électoralisme doit proscrire toute possibilité de renouvellement des mandats. Cette conviction est éminemment discutable, évidemment, mais j'y tiens, même si je comprends, bien sûr, que d'autres aient d'autres points de vue et fassent d'autres choix.>> ...

<<20) Cette décision n'a pas été facile en raison de l'attachement personnel que j'ai pour la formation des enseignants et les personnels de cet institut (personnel de formation, administratifs, techniques et ouvriers).

21) Mais, soyez assurés que :

a. Jusqu'au 21 mars 2006, je serai d'une détermination farouche pour défendre les acquis de l'IUFM et la qualité de la formation des enseignants.

b. Au delà et avec d'autres moyens, je resterai un militant pédagogique déterminé, convaincu que la formation des enseignants est un enjeu fondamental pour notre société. Je travaillerai alors ailleurs et avec d'autres moyens aux objectifs auxquels j'aurai travaillé avec vous pendant cinq ans.>>

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