Des passages

<<Que l'élève doive être au cœur de notre école va de soi. Mais cette vérité basique, pour ne pas dire ce truisme, ne signifie ni que l'on doive confondre l'éducation avec un jeu, ni que l'on renonce à l'exercice d'une certaine autorité, ni que le monde des adultes doive s'incliner devant les mirages du jeunisme et renoncer aux responsabilités qui lui reviennent quant à la définition des finalités dernières de notre enseignement.>>


<<Trois grandes conceptions de l'enseignement avaient déjà été imaginées par les philosophes du XVIIIe siècle. Idéalement, la première voulait laisser une liberté absolue à l'enfant : c'est l'éducation par le jeu qui correspondait, selon une analogie profonde avec la politique, aux premières figures de l'anarchisme.>>
<<Il faut maintenir haut et fort l'idée que, sans un apprentissage parfois rigoureux, sans un certain goût de l'effort, aucun accès à la culture authentique n'est réellement possible.>>
<<Impossible de parvenir à connaître le monde, à pratiquer un art ou un sport, mais tout autant à s'approprier les éléments fondamentaux de l'histoire, des langues ou de la littérature sans passer par une certaine discipline du corps ou de l'esprit, une rigueur intellectuelle, un effort de réflexion et de pensée en l'absence desquels la culture scolaire est non seulement inaccessible mais, il faut bien l'avouer, car c'est normal dans ce cas, rebutante. Ce n'est qu'au-delà d'un certain seuil qu'elle dévoile sa richesse et son intérêt, et c'est cela qu'il faut avoir la capacité, voire l'autorité, de faire comprendre aux élèves.>>
<<L'illusion pédagogique par excellence, celle qui a fait tant de ravages dans les dernières décennies, tient à ceci : on a cru trop longtemps qu'il était possible de séparer motivation et contrainte, qu'il fallait d'abord intéresser les élèves pour les amener, seulement dans un second temps, à travailler.>>

"Le Monde" (15/10/03)