- N: Quand vous êtes dans votre bureau, chez vous, en train de faire des mathématiques, quel sentiment avez-vous ?
- T: Eh bien! je vous avoue que, depuis pas mal d'années, je ne fais plus de mathématiques en ce sens-là. Il m'arrive encore de m'intéresser parfois à des problèmes de mathématiques, mais ça devient de plus en plus rare. je me suis intéressé beaucoup à des disciplines périphériques, comme la biologie, la linguistique et maintenant la géologie. Je consacre plutôt mon activité volontaire à ces disciplines expérimentales plutôt que de m'occuper de mathématiques proprement dites. Alors les mathématiques s'il m'arrive d'en faire, c'est plutôt par nécessité professionnelle qu'autre chose; mais ça évidemment, c'est une évolution assez récente, des dix dernières années.
De toutes manières, il est bien connu qu'après 35 ans, un mathématicien ne peut plus rien faire de bon, et la coutume, la croyance traditionnelle est, je crois, assez largement fondée; alors dans ces conditions autant faire autre chose que des mathématiques !
- N: Mais est-ce que vous vous souvenez de ce que vous viviez à ce moment-là ?
- T: Ah ! oui, bien sûr; j'ai connu aussi ces périodes de possession par un problème, bien sûr j'en ai connues. J'ai connu quelques périodes comme ça dans ma vie, mais finalement pas très nombreuses.
- N: Des périodes de possession ?
- T Oui, des périodes où un problème vous accapare tellement qu'on devient presque incapable de penser à quoi que ce soit d'autre ... Mais comme je vous le disais c'est devenu très, très rare dans mon cas ...
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